Politique

« À eux de la récupérer » : Greenpeace rend la statue de Macron, avec une surprise

ENVIRONNEMENT – Un jeu de cache-cache pour faire suer jusqu’au sommet de l’État. Greenpeace a rendu, ce mardi 3 juin au soir, la statue en cire d’Emmanuel Macron dérobée la veille au musée Grévin. Enfin, pas directement. L’ONG a en effet déposé la sculpture devant le siège d’EDF à Paris afin de dénoncer les liens économiques, notamment sur l’énergie, entre la France et la Russie.

La statue a été apportée peu après 23 h dans un coffre dont elle a été sortie quelques minutes pour être exposée sur le parvis devant le siège du groupe énergétique, avec une pancarte de l’ONG avec l’inscription « Poutine-Macron Alliés radioactifs ».

Le siège d’EDF a été choisi « pour mettre Macron en face de ses responsabilités dans le commerce entretenu avec la Russie notamment dans la filière nucléaire », a expliqué Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

« C’est à eux de venir la récupérer »

« On est venu ramener la statue d’Emmanuel Macron parce que comme on l’avait promis dès le début c’est un emprunt », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « On a prévenu à la fois la direction du musée Grévin et les forces de l’ordre. C’est à eux de venir la récupérer ». La police est arrivée sur place autour de minuit et a sécurisé le coffre, a constaté l’AFP.

La statue, d’une valeur de 40 000 euros, avait été volée la veille par des militants de Greenpeace Selon une source policière, deux femmes et un homme sont entrés lundi matin dans le musée parisien, situé dans le IXe arrondissement. Après s’être changés, se faisant passer pour des artisans ou des employés de l’établissement, ils ont réussi à dérober la statue en la dissimulant sous une couverture et en sortant par une issue de secours.

Devant l’ambassade de Russie

D’après une porte-parole du musée, ils ont détourné l’attention du vigile en posant une question sur l’accès de l’ascenseur aux personnes handicapées pendant que d’autres revêtaient une blouse d’agent d’entretien.

Les militants l’avaient ensuite déposée devant l’ambassade de Russie située dans le XVIe arrondissement de la capitale. Cette action n’avait duré que quelques minutes. Un drapeau russe avait été déployé derrière la statue d’Emmanuel Macron et un militant de l’ONG a brandi une pancarte jaune fluo portant l’inscription « Business is business ». Des membres de Greenpeace avaient lancé de faux billets de banque.

L’ONG veut protester contre les liens économiques entre la France et la Russie dans les secteurs du gaz, des engrais chimiques et du nucléaire.

Uranium, gaz, engrais

Pour Jean-François Julliard, les entreprises françaises peuvent continuer « à importer tout un tas de produits en provenance de Russie que ce soit de l’uranium enrichi pour faire tourner les centrales nucléaires françaises ou de l’uranium naturel qui transite par le Kazakhstan et l’Ouzbékistan via la Russie ou du gaz naturel liquéfié (…) ou des engrais chimiques ».

Greenpeace déplore notamment l’explosion des importations d’engrais russe dans l’UE entre 2021 et 2023 (de plus de 80% selon les fabricants français d’engrais, rassemblés au sein de l’Union des industries de la fertilisation, l’Unifa).

Sur un autre sujet, Jean-François Julliard a jugé mardi soir « sidérant » le fait que le bateau de Greenpeace soit interdit au sommet de l’ONU sur les océans à Nice. Il a ajouté réfléchir à contester en référé cette décision.