Politique

Valérie Pécresse ne veut pas du logo de la région Île-de-France sur l’affiche de la Pride

POLITIQUE – Ça la fiche mal. Le visuel dévoilé par l’Inter-LGBT, le collectif d’associations en charge d’organiser la marche des fiertés qui se déroulera à Paris le 28 juin, a fait sortir de ses gonds la droite et l’extrême droite.

Alors que le mot d’ordre politique de la manifestation sera « contre l’internationale réactionnaire », la présidente de l’Île-de-France, Valérie Pécresse refuse d’y voir associé le logo de la région. Sur X, elle a dénoncé une affiche incitant « à la violence avec son cadavre renversé » et annoncé ne pas verser la subvention.

Sur le même réseau social la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), sur demande de la ministre Aurore Bergé, a également demandé à ne pas être représentée sur l’affiche – même si son logo ne semble pas figurer en l’état sur le visuel diffusé –, estimant que « la lutte contre la haine LGBT+ ne saurait passer par l’incitation à la violence ou à la haine ».

Le vice-président du RN, Sébastien Chenu dénonce de son côté la présence d’une femme voilée, et d’un « homme blanc martyrisé et caricaturé en facho », mais aussi d’un drapeau palestinien sur un pin’s. Voyant dans tout cela « les marqueurs d’extrémistes ».

La publication a également suscité l’indignation du groupe juif gay et lesbien de France, Beit Haverim, qui dénonce des « choix de communication irréfléchis » à même de déclencher « des débordements ou des actes d’hostilité » le 28 juin. « L’inclusion » des « couleurs du drapeau palestinien » à la fois « sur un pin’s et sur un sac » constitue « une instrumentalisation politique qui engage l’ensemble des structures sans leur consentement explicite », estime-t-il dans un communiqué.

Sept personnages contre « l’internationale réactionnaire »

Comme vous pouvez le voir un peu plus haut, sur le visuel de la marche annuelle en défense des droits des personnes LGBT+ figurent sept personnages, dont un portant le voile et brandissant une pancarte « Contre l’internationale réactionnaire ». Une autre personne arbore un triangle rose (le symbole cousu par les nazis sur les uniformes des détenus homosexuels dans les camps de concentration) et une autre plusieurs pin’s dont un avec le drapeau palestinien.

Au premier plan, un homme en noir et blanc, avec une croix celtique symbole de la « suprématie blanche » tatouée dans le cou, semble avoir été mis KO. Il est retenu par un autre personnage par sa cravate. Dans son communiqué de presse, l’Inter-LGBT invoque la situation des minorités en Russie, Hongrie, ou Bulgarie où les prides sont interdites, mais aussi les polémiques réactionnaires en France autour des personnes trans ou des programmes d’éducation à la vie sexuelle et affective. « L’internationale réactionnaire s’organise contre les personnes LGBTQIA+ mais porte un programme politique rétrograde et mortifère pour toustes. En agitant la peur de l’autre et en œuvrant à la division de la société », étrille le texte.

« Nos camarades sont en train de mourir »

Contactée par l’AFP face aux réactions indignées de la droite et de certaines associations, l’InterLGBT a dénoncé des « contresens grossiers ». Le sac n’a « rien à voir avec la Palestine, il représente le drapeau de la Hongrie et le drapeau de la Bulgarie où les prides sont interdites actuellement », a insisté son président Alexandre Schon. Les pins « représentent la convergence des luttes à laquelle l’Inter-LGBT est attachée ».

Dans ce visuel, « l’artiste a voulu représenter des personnes queers unies face à une internationale réactionnaire qui tue des personnes LGBT, les empêche de s’exprimer, restreint leur droit à exister, à s’aimer et à s’autodéterminer », a-t-il ajouté. « On a des milliers de nos camarades qui sont en train de mourir aujourd’hui, il est vital que ce mot d’ordre ne soit ni détourné politiquement ni réapproprié sur la base de contresens ».

L’inter-association a reçu le soutien des insoumis dont Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot. « Oui, l’extrême droite est la principale menace qui pèse sur les personnes LGBTQI ! Soutien total à l’Inter-LGBT et à son courage face au déferlement réactionnaire », a cinglé la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée.