L’Assemblée se prononce pour la première fois contre la réforme des retraites
POLITIQUE – Sérieux revers pour la réforme des retraites. L’Assemblée nationale s’est majoritairement prononcée contre le report de l’âge légal de départ à 64 ans ce jeudi 5 juin. Par 198 voix, les députés ont manifesté leur réprobation de la réforme tant controversée, qui avait jeté des millions de personnes dans les rues à l’hiver 2023 et qui continue de hanter le débat public.
C’est la première fois que la représentation nationale s’exprime sur ce texte, alors qu’un 49-3 avait été utilisé à l’époque par la Première ministre Élisabeth Borne. « La mise en œuvre de cette réforme n’a respecté aucune des règles les plus élémentaires de la démocratie sociale et du parlementarisme. Elle reste un affront fait au peuple français », a estimé en introduction le rapporteur Stéphane Peu (PCF). Selon lui, son passage en force il y a deux ans demeure « la plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005 ».
Dans un hémicycle clairsemé, les députés de gauche avaient fait bloc. Les membres des quatre groupes du Nouveau Front populaire était présents en nombre, contrairement aux élus de droite et d’extrême droite qui ont largement séché le débat. Seuls 35 députés se sont prononcés contre la proposition de résolution, ce qui fait dire à Clémence Guetté (LFI) que « la fin de règne tire en longueur ».
En réalité, le vote est (surtout) symbolique. Ce n’est pas une proposition de loi normative, qui viendrait abroger la réforme comme ont essayé de le faire précédemment La France insoumise et le Rassemblement national dans leurs niches respectives, mais une simple résolution qui a été adoptée ce 5 juin.
Fin du conclave, manifestations de la CGT…
« Cette résolution n’est pas contraignante, mais montre que nous sommes toujours majoritaires pour refuser un départ à la retraite à 64 ans, reconnaît la présidente du groupe LFI Mathilde Panot. Les trois quarts des salariés souhaitent toujours son abrogation ». La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a bien tenté de défendre la réforme de 2023, expliquant qu’elle était « nécessaire et difficile », contrainte par « la démographie et l’allongement de la durée de vie ». Mais avec bien peu de soutien en face, d’autant que ce sont les mêmes arguments rabâchés depuis deux ans.
La gauche espère s’appuyer sur cette victoire à l’Assemblée pour ranimer la contestation sociale, alors qu’une journée de manifestation et de grèves est organisée ce 5 juin, à l’appel de la CGT. À deux semaines de la fin du conclave, mis sur pied en début d’année par François Bayrou pour échapper à une censure des socialistes, le contexte reste hautement inflammable. Et à n’en pas douter, les retraites ne disparaîtront pas du paysage politique de sitôt.