Politique

Malgré le rejet de sa taxe par le Sénat, Zucman veut encore croire à son adoption future

POLITIQUE – Un rejet attendu. Sans surprise, le Sénat s’est opposé à 188 voix contre 129 à la proposition de loi portée par les écologistes visant à instaurer la taxe « Zucman ». Déjà adopté à l’Assemblée nationale, le mécanisme proposé par l’économiste Gabriel Zucman entendait faire en sorte que tous les contribuables dont les patrimoines dépassent les 100 millions d’euros payent bien au moins 2 % de leur fortune en impôt.

Un large rejet conforme à la position du gouvernement qui juge cet outil « confiscatoire » pour les plus fortunés et craint leur exil fiscal. « Le seul risque de cet impôt, c’est qu’au fond, personne ne le paye », parce qu’il entraînera « des expatriations certaines pour un rendement incertain », a lancé devant les sénateurs la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Le président de la République Emmanuel Macron est allé dans le même sens jeudi lors du Conseil des ministres : « Dans une économie ouverte, il nous faut rester attractifs pour les capitaux », a-t-il insisté en référence notamment à cette taxe Zucman, selon un participant, promettant d’être « vigilant » afin de « ne pas défaire ce qui a été fait ».

« Un temps précieux » perdu

À l’origine du dispositif, l’économiste Gabriel Zucman, directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité, avait porté cette proposition à l’échelle mondiale à l’agenda officiel du G20 l’année dernière. Selon lui, cela rapporterait environ 20 milliards d’euros par an, et concernerait 1 800 foyers.

Dénonçant sur X « un temps précieux » perdu à cause de ce rejet, l’économiste Gabriel Zucman veut croire que la partie n’est pas terminée. Il en veut pour preuve la longue bataille pour l’adoption de l’impôt progressif sur le revenu. Adopté par la Chambre des députés en 1909, puis bloqué pendant cinq ans par le Sénat, il a finalement été adopté en 1914, comme il le rappelle.
« Les arguments des conservateurs d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux des conservateurs d’hier : « Confiscatoire », « Impraticable », « Dangereux pour l’économie », explique-t-il. Tout le monde le reconnaît aujourd’hui : l’impôt sur le revenu fut un progrès économique considérable. »

Ce dernier appelle ainsi les partisans du texte, « dont dépend la survie politique du gouvernement, (à) faire pression sur l’exécutif » pour faire adopter la mesure « dès cette année ».

La gauche promet de poursuivre le combat

L’idée « reviendra vite », a promis pour sa part la patronne des Écologistes Marine Tondelier, s’attaquant à la « droite sénatoriale » qui « adore » selon elle « les ultra-riches et les inégalités ». Les sénateurs écologistes, qui ont rallié toute la gauche et même une poignée de centristes à leur vote, ont eux aussi promis de « redéfendre la mesure » lors du projet de budget pour 2026.

Les sénateurs écologistes, qui ont rallié toute la gauche et même une poignée de centristes à leur vote, ont eux aussi promis de « redéfendre la mesure » lors du projet de budget pour 2026.