Pas vraiment une basket ni une ballerine… La chaussure de l’été va faire parler
MODE – Vous pensiez avoir tout vu après l’invasion des Crocs dans la rue, le retour du patte d’eph ou (pire) la tendance au mini-bonnet chez les hommes ? Détrompez-vous. La mode est pleine de surprise, et nous le démontre une fois de plus avec ce que les magazines présentent comme la chaussure de l’été : la « sneakerina ».
Hein ? Pas vraiment une basket ni même une ballerine, celle qu’on surnomme aussi la « ballet sneaker », « ballerina sneaker » ou tout simplement « basket ballerine » est une chaussure hybride. Elle s’inspire par la forme et l’ouverture sur le dessus des chaussons de danse classique, sous lesquels on a glissé une semelle de running plus ou moins épaisse.
Un mix des genres téméraire, qui pourrait bien « remplacer nos baskets classiques », selon Marie Claire. L’édition française du Harper’s Bazaar s’interroge : « Oserez-vous (porter) cet OVNI mode en vue ? » S’appuyant sur le dernier modèle de Louis Vuitton en la matière, le magazine ELLE tient déjà la réponse : elles vont faire « un carton cette saison ».
De Décathlon à Puma
L’idée un peu saugrenue viendrait de Simone Rocha, créatrice irlandaise en vogue connue notamment pour son style délicat, les détails ornementaux sur ses vêtements et ses tissus raffinés. La première apparition sur l’un de ses podiums de ladite chaussure daterait de 2020. Depuis, elle a peaufiné et diversifié son modèle décoré de noeuds.
Acne Studios, Rombaut, Cecilie Bahnsen pour Asics, mais aussi Miista ou la plupart des marques du moment ont suivi. Les grandes enseignes du luxe, aussi. Même son de cloche chez les équipementiers sportifs, dont Decathlon qui propose le soulier pour la modique somme d’une vingtaine d’euros.
Puma doit pour sa part un regain d’intérêt pour ses Speedcat Ballet Shoes aux reflets métalliques et lanières flexibles entrecroisées sur le dessus à une star : Dua Lipa. Aperçue à plusieurs reprises avec à ses pieds lesdites « sneakerina », l’interprète de Levitating est l’un des visages de la campagne de promotion de la chaussure, lancée initialement en 1999.
Dans la vie de tous les jours, plusieurs autres célébrités y ont succombé, à l’image de Jennifer Lawrence, Emily Ratajkowski, Chloë Sevigny ou la mannequin Bella Hadid, grande précurseure de tendances. D’après une étude menée par la chaîne de magasins JD Sports, les recherches sur Google pour la basket ballerine auraient bondi de 811 % en France ces trois derniers mois.
#Balletcore et mocassins
Certains attribuent ça au balletcore, cette mouvance vestimentaire coquette inspirée de l’univers du ballet, de ses jupettes, collants blancs et guêtres. Sur TikTok, le hashtag #balletcore cumule plus d’une centaine de milliers de publications. Pour d’autres, elle est indissociable du retour en force des ballerines, chaussures longtemps conspuées remises au goût du jour par certaines marques très en vue, dont celle des sœurs Olsen The Row.
C’est aussi une manière de briser les codes de manière inattendue, selon Joy Montgomery, responsable des listes shopping du British Vogue. Dans les colonnes du Guardian, elle cite la théorie de la « mauvaise chaussure » de la styliste Annabelle Bronstein, qui consiste à porter une paire de chaussures qui de premier abord serait complètement inadaptée à la tenue. Ici, la « sneakerina » « apporte une touche d’originalité à des tenues traditionnellement considérées comme plus formelles ou corporatives », raconte ainsi l’experte.
Le phénomène n’épargne personne, pas même les hommes. S’il existe aussi de grosses ballerines à semelle XXL pour ces messieurs, comme chez Camper, les limites de l’hybridité ont sans doute atteint un sommet en 2024 avec la 1906 Loafer de New Balance, une paire de sneakers en forme de mocassins. Oui, de mocassins.