Politique

Sarkozy retiré de la Légion d’honneur : Macron désavoué, la droite sous le choc

POLITIQUE – Un retrait rarissime. Nicolas Sarkozy a été exclu de la Légion d’honneur après sa condamnation à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire des écoutes, selon un arrêté publié ce dimanche 15 juin au Journal officiel. Il est également exclu de l’ordre national du Mérite.

Une décision certes attendue depuis que la condamnation de l’ancien président de la République a été rendue définitive par le rejet d’un pourvoi par la Cour de cassation en décembre dernier. Mais qui sonne comme un désaveu pour le locataire de l’Élysée Emmanuel Macron, et qui provoque une onde de choc à droite.

Le chef de l’État, qui entretient de bonnes relations avec son lointain prédécesseur, n’hésitant pas à lui confier diverses représentations officielles depuis 2017, s’est effectivement opposé publiquement à cette éventualité, à plusieurs reprises. Sans pouvoir changer le cours de choses.

Macron ne voulait pas de cette décision

« De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision », avait-il par exemple déclaré, fin avril en marge d’un déplacement à Madagascar. « Je pense que c’est très important que […] les anciens présidents soient respectés et donc le président de la République que je suis, en tant que grand maître[de la Légion d’honneur], ne prendra aucune décision de ce type », avait-il également expliqué.

Problème : le président de la République n’est pas appelé à intervenir dans les cas comme celui Nicolas Sarkozy. En tant que grand maître, il n’a voix au chapitre que dans les procédures disciplinaires classiques dans lesquelles les conditions d’un retrait d’office ne sont pas réunies.

Or, l’exclusion de la Légion d’honneur est automatique quand un récipiendaire est définitivement condamné pour un crime ou écope d’une peine d’emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme. Dans ces cas, le retrait est « de droit », comme l’avait souligné en mars le Grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre, trois mois avant de passer à l’acte.

Au cours de la procédure, l’ancien patron de la droite française a pu faire valoir ses observations auprès de la Grande chancellerie, explique l’AFP en citant une source proche du dossier. « Le Grand chancelier de la Légion d’honneur s’est assuré auprès d’éminents juristes de la bonne application des textes en vigueur à ce cas spécifique », indique la Grande chancellerie.

« C’est une honte »

Quoi qu’il en soit, la décision officialisée ce dimanche provoque une forme de consternation dans la famille politique de l’ancien président. « C’est une règle, mais c’est aussi une honte pour un président qui ne mérite pas ce type de décision », a ainsi expliqué Othman Nasrou, le vice-président des Républicains sur franceinfo, exprimant « son soutien et son respect » à Nicolas Sarkozy, « un grand président de la République. »

La porte-parole du gouvernement, ancienne sénatrice LR, se dit « réservée » sur la décision. Si elle prend garde de ne pas critiquer frontalement au fond de la décision, Sophie Primas s’élève contre la « comparaison » avec Philippe Pétain, seul chef d’État français à avoir connu l’opprobre du retrait de la Légion d’honneur avant Nicolas Sarkozy.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne. La décision qui touche Monsieur Sarkozy est automatique, elle touche du code de la Légion d’honneur, elle est donc appliquée », a-t-elle expliqué sur LCI, en soulignant que « le président Macron n’avait pas voulu l’appliquer ». « Je regrette qu’on en arrive là, le président Sarkozy a fait un mandat dans lequel il a prouvé son attachement à la France », a-t-elle également ajouté.

De son côté, l’ancien locataire de l’Élysée a « pris acte » de son exclusion de la Légion d’honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l’affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l’AFP.