Comment la Fifa fait de sa Coupe du monde des clubs aux États-Unis un vrai laboratoire
FOOTBALL – La Fifa change de braquet pour sa Coupe du monde des clubs, qui s’est ouverte la nuit dernière aux États-Unis avec le match nul entre Al Ahly et l’Inter Miami (0-0). Si la création de cette compétition remonte à 2000, à partir de cette année, elle n’aura plus lieu que tous les quatre ans. Jusque-là, ce tournoi rarement bien identifié avait lieu tous les un ou deux ans, sur une formule expresse au mois de décembre.
Le PSG, tout frais vainqueur de la Ligue des champions, se lancera lui ce dimanche face à l’Atlético Madrid (21h, heure française), au Rose Bowl de Pasadena. Le même stade qui avait accueilli la finale de la Coupe du monde 1994 entre le Brésil de Romario et l’Italie de Roberto Baggio.
Avec ce tournoi qu’elle tente tant bien que mal de mettre en avant, à l’issue d’une saison sans Mondial ni Euro, la Fifa met tout en place pour que celui-ci ne verse pas dans l’anecdotique. Elle en profite surtout pour tester de nouvelles choses, qui pourraient par la suite s’implanter progressivement dans les championnats et grandes compétitions.
Il sera ainsi ici beaucoup question d’arbitrage. Les arbitres seront en effet équipés pour la première fois dans un tournoi de caméras donnant un nouvel angle de vue à la disponibilité des diffuseurs. Mais il y a un hic. Les images des actions controversées, pouvant par exemple amener à un penalty, ne seront pas montrées aux téléspectateurs. Pour le moment. Pierluigi Collina, le président de la Commission des arbitres de la Fifa, laisse la porte ouverte à la diffusion potentielle de ces images controversées dans le futur.
L’IA arrive dans l’arbitrage
Une autre mini-révolution qui devrait faire parler aussi : l’arrivée de l’IA dans l’arbitrage. Un système de détection du hors-jeu semi-automatique, « amélioré » par l’intelligence artificielle, va être testé. « Grâce à plusieurs caméras, à un capteur à l’intérieur du ballon et à l’intelligence artificielle, le système suivra la position de chaque joueur et du ballon afin d’émettre automatiquement des alertes en temps réel aux membres du corps arbitral en cas de hors-jeu flagrant », a précisé la Fifa dans un communiqué publié début juin.
Et pour inclure tout le monde dans le stade, les spectateurs pourront par ailleurs profiter sur les écrans géants des mêmes images que celles analysées par les arbitres lors de l’appel à la vidéo, afin d’apporter « une plus grande transparence ».
Enfin, sur le terrain, les gardiens de but auront désormais 8 secondes maximum pour garder le ballon en main, contre six jusque-là. Ils se verront signifier par l’arbitre lorsqu’il restera cinq secondes, comptées ensuite par l’officiel sur une main. Sans respect du compte à rebours, l’équipe adverse récupérera un corner plutôt qu’un coup franc indirect dans la surface.
Au-delà du terrain, cette Coupe du monde des clubs fera aussi office de test aux États-Unis à un an de la Coupe du monde. Cinq stades (Seattle, Philadelphie, Atlanta, Miami et New York) accueilleront des matches des deux compétitions. Le stade « new-yorkais », le MetLife Stadium, en réalité situé non loin à East Rutherford dans le New Jersey, hébergera, lui, les deux finales de ces compétitions.
Reste à savoir toutefois si ce Mondial des clubs pourra trouver son public dans un calendrier déjà saturé, qui plus est aux États-Unis, pays où le football n’est pas roi. Le risque est de voir d’immenses enceintes sonner très creux pour certaines affiches peu prestigieuses. Et même pour celles impliquant des grands clubs, comme le PSG-Botafogo du 19 juin, le prix des billets a été revu à la baisse pour tenter de garnir le Rose Bowl et ses 90 000 places.
Maillots « spéciaux » et primes records
Alors que d’importantes manifestations se déroulent par ailleurs dans plusieurs villes contre la politique migratoire de Donald Trump et que l’armée a été déployée à Los Angeles où évoluera le PSG au 1er tour, les États-Unis seront aussi jugés sur leur gestion de l’évènement, douze mois avant le Mondial-2026. « Nous n’avons aucune inquiétude, nous sommes très attentifs aux questions de sécurité », a déclaré à ce sujet le patron de la Fifa Gianni Infantino.
Pour en revenir au terrain, et c’est une première, les équipes pourront déjà aligner leurs recrues de la saison prochaine, qui ont été attirées dès les premières heures d’une fenêtre de mercato spéciale ouverte du 1er au 10 juin. Ce sera notamment le cas de Manchester City avec Rayan Cherki, qui a même déjà déclaré vouloir gagner le trophée avec sa nouvelle équipe.
L’occasion aussi pour le club anglais d’étrenner un maillot « spécial » pour la compétition, tout comme les autres clubs dont l’équipementier est la marque Puma. Pour leur part, l’Inter Milan et la Juventus Turin porteront leur maillot de la saison prochaine.
Enfin, au milieu de ce laboratoire expérimental, la Fifa a aussi glissé une carotte alléchante pour les grands clubs qui seraient tentés de ne pas jouer à fond cette compétition de fin de saison : une dotation globale d’un milliard de dollars et des primes de participation très alléchantes pour les meilleures équipes européennes (jusqu’à 38 millions de dollars). Si une grosse formation du Vieux Continent venait à l’emporter, elle pourrait empocher… 125 millions de dollars en sept matches.