Politique

« Le trumpisme, c’est ça » : la gauche dénonce les méthodes « glaçantes » de Dati

POLITIQUE – C’est à vous, ces méthodes ? Interrogé par le journaliste Patrick Cohen, mercredi 18 juin, sur France 5, à propos de ses démêlés avec la justice (elle est mise en examen pour corruption passive) et les accusations portées à son encontre, Rachida Dati a répondu par la diversion, puis la menace.

La ministre de la Culture a effectivement évoqué des articles de presse qui mettent en cause le journaliste qui officie également sur France Inter, en lui expliquant qu’elle pouvait très bien engager des poursuites judiciaires contre lui. Elle a également ciblé la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine en parlant d’une « ambiance épouvantable » dans les coulisses de l’émission.

« Monsieur Cohen, avez-vous harcelé vos collaborateurs ? », a ainsi questionné Rachida Dati, en insistant sur la possibilité de « saisir le tribunal » : « Vous pourriez tomber sous le coup de ce délit. Il suffirait que je fasse un article 40 pour dénoncer suite à ce papier de Mediapart. » Une manœuvre « déshonorante », selon la réplique de Patrick Cohen, en direct, et digne de Donald Trump, selon une avalanche de réactions dans la classe politique.

« L’ORTF dirigée par Tony Montana »

« Le trumpisme c’est ça : attaquer la presse avec violence pour ne pas répondre à ses questions », écrit par exemple le sénateur socialiste Rémi Féraud, candidat à la mairie de Paris, sur les réseaux sociaux, en arguant que « la place de Rachida Dati n’est ni au gouvernement ni dans les élections municipales, mais devant les tribunaux. » Le chef de file des écologistes dans la capitale David Belliard pointe pour sa part une méthode « honteuse et glaçante. »

Plus largement, la gauche (au-delà de la sphère parisienne), dénonce dans son ensemble une manœuvre d’intimidation problématique de la part de la ministre de la Culture, engagée dans une réforme très controversée de l’audiovisuel public, et par ailleurs ancienne ministre de la Justice (pendant le quinquennat Sarkozy, de 2007 à 2009).

« C’est l’ORTF dirigée par Tony Montana », fustige le sénateur communiste Pierre Ouzoulias sur les réseaux sociaux, en résumant ainsi la séquence « Pour mieux se défaire de ses démêlés judiciaires, Rachida Dati, ministre de la Culture, menace un journaliste du service public (dont elle a la tutelle) en direct. Quelle honte. » « Stupéfiant, honteux, grotesque », renchérit l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau, aujourd’hui proche de Raphaël Glucksmann.

Pour rappel, Rachida Dati est mise en examen dans le cadre de l’affaire Carlos Ghosn pour corruption passive. Patrick Cohen l’interrogeait mercredi soir sur des accusations récemment portées par le magazine Complément d’enquête de France 2 selon lesquelles la ministre a perçu 299 000 d’honoraires de GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

La ministre a de nouveau récusé ces faits, et contre-attaqué, en faisant référence à un article de Mediapart, publié en février, au sujet de tensions remontant à plusieurs années à France Inter, et au management de Patrick Cohen quand il dirigeait la matinale. Dans ses références, elle a manifestement omis les nombreuses enquêtes publiées par le média d’investigation la concernant.