Après un break de six mois, le député LFI interpellé avec de la drogue revient à l’Assemblée
POLITIQUE – Il va « mieux ». « Beaucoup mieux », même. Pris en flagrant délit d’achat de stupéfiants dans le métro parisien en octobre 2024, le député La France insoumise Andy Kerbrat reprend du service. Il fait son retour ce mardi 24 juin à l’Assemblée, après avoir pris une pause de six mois et avoir été temporairement exclu de l’hémicycle.
« Je commence à profiter de la liberté retrouvée grâce à l’abstinence », confie-t-il, heureux, à Ouest-France. L’élu de Loire-Atlantique révèle avoir profité de ces longues semaines pour se soigner. « Juste après que l’affaire a éclaté, j’ai fait une demande auprès d’un addictologue pour entrer en institution publique », indique-t-il. Il y aura passé deux mois au total : un mois en hospitalisation complète, un mois en soins de jour.
« J’ai commencé à consommer à partir de novembre 2022, peu de temps après le décès de ma mère. Juste après mon élection. Je n’ai pas su gérer cet événement, ni le retour du trauma dû au viol subi dans mon enfance », détaille l’élu. Sa consommation de drogue lui a valu une exclusion pour quinze jours de séances (avec interdiction de prendre part aux travaux) et la privation de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.
Aujourd’hui, Andy Kerbrat se dit « abstinent ». « Comme un handicap », il « sait » qu’il devra composer avec cette addiction toute sa vie. L’idée étant de l’encadrer. « J’ai mis en place énormément de choses, je suis accompagné par un psychiatre et un addictologue, ce travail continuera pendant des années et ça me va très bien. Je suis testé régulièrement, j’ai des suivis médicaux », poursuit-il. S’il tente de soigner son addiction, c’est « pour [lui], pour ses proches ». « Parce que je suis tombé très bas, explique-t-il. Je veux retrouver ma liberté, ma santé ».
À l’Assemblée, le député LFI devra faire face aux attaques de la droite et de l’extrême droite, qui n’avaient pas retenu leurs coups au moment de sa mise en retrait à l’automne. Andy Kerbrat n’en a pas peur. Et pose simplement une question : « Est-ce que cela peut être plus dur que ce qui m’est arrivé ? ». Puis : « La droite a un problème avec la question des drogues. Quand ils voient quelqu’un à terre, ils en profitent pour donner le dernier coup de pelle au lieu de lui tendre la main ». « En me crachant à la gueule, la droite crache à la gueule de toutes les personnes qui vivent avec l’addiction », expose-t-il crûment.
« Je suis un humain »
Le retour dans l’hémicycle ne sera pas si évident pour l’élu de 34 ans. Il révèle avoir hésité à remettre son mandat en jeu. « D’emblée, il y a des gens qui m’ont dit de ne pas lâcher. Des parents ayant un enfant, un proche souffrant d’un problème d’addiction, m’ont contacté et m’ont demandé de porter leur voix », exprime-t-il. À l’entendre, les Français attendent de « l’exemplarité » chez leurs élus, « pas l’infaillibilité ». « J’ai failli, c’est vrai, concède-t-il. Je suis humain ». Il a choisi de rester député pour une raison essentielle : « J’ai la responsabilité de porter un discours par rapport à ce qui m’est arrivé. »
Andy Kerbrat va notamment s’atteler dans les prochaines semaines à préparer une proposition de loi : « Toutes les études démontrent qu’il y a une accélération des consommations. Le monde du travail est devenu tellement abrutissant que – c’est terrible à dire – la cocaïne devient une béquille pour tenir. Le problème, c’est qu’on a seulement une vision axée sur l’angle répressif. Les politiques en place ne marchent pas ». Par-delà l’usage, la vente et la consommation de stupéfiants, l’élu veut aussi continuer de s’investir sur des sujets comme la régulation des travailleurs sans-papiers ou la rétention administrative des personnes migrantes. Tout un programme.