La gauche fait déjà pression sur le RN pour voter la censure de Bayrou
POLITIQUE – C’est acté, la gauche votera la censure contre le gouvernement de François Bayrou après l’échec du conclave sur les retraites. Lors des questions au gouvernement ce mardi 24 juin, le Premier ministre a exclu de débattre d’une abrogation des 64 ans. Les socialistes, qui avaient refusé de censurer le gouvernement en janvier dernier, en échange de cette conférence sociale sur la réforme des retraites, ont annoncé le dépôt d’une motion de censure.
« Monsieur le Premier ministre, le respect de la parole donnée est à la base même de notre régime démocratique, vous avez pris des engagements pas tenus sur ce sujet comme sur bien d’autres. Cela nous contraint à déposer une motion de censure contre votre gouvernement », a notamment déclaré Boris Vallaud, député des Landes et président du groupe socialiste dans l’hémicycle.
Une décision saluée par les insoumis qui fustigent en revanche le Rassemblement national. Car sans les voix des députés d’extrême droite, la censure du gouvernement de François Bayrou n’a aucune chance d’aboutir.
« On ne censure pas sur rien »
« On ne censure pas sur rien. Or, là, c’est ce que nous propose de faire la gauche. Là, il n’y a pas de texte mis à l’ordre du jour. Il n’y a pas d’aggravation de la situation sociale », défendait au micro de LCP le député RN Gaëtan Dussausaye. Déjà ce week-end, avant la réunion de la dernière chance du conclave, le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy vantait sur France Inter : « On espère que l’on aura un compromis. Il y a des choses intéressantes qui peuvent être négociées. »
« Des opposants en carton », a répliqué le député LFI, Ugo Bernalicis, quand le sénateur PCF Pierre Ouzoulias accuse le RN d’être un « suppôt du capital, ennemi des travailleuses et des travailleurs ». Jean-Luc Mélenchon impute de son côté le RN de ne servir « à rien d’autre qu’à aider Macron à rester au pouvoir ». « Il sera difficile d’expliquer à leurs électeurs qu’après s’être opposés, ils sauveraient Monsieur Bayrou et ne voteraient pas la censure », analyse de son côté Éric Coquerel, député insoumis de Seine-Saint-Denis.
La réforme des retraites adoptée via 49.3 sous le gouvernement d’Élisabeth Borne est de fait dans le viseur de Marine Le Pen depuis des années. Il y a quelques semaines encore, ses troupes avaient même voté en faveur d’une résolution symbolique, portée par les communistes lors de leur niche parlementaire, réclamant l’abrogation de la réforme de 2019.
Bardella laisse planer le doute
En fin de journée, le patron du RN a laissé planer le doute sur une éventuelle censure par ses troupes. « On ne s’interdit rien et on ne s’interdira rien », a déclaré Jordan Bardella en marge de la visite d’un salon sur les PME. Mais pour lui, « le moment de vérité » aura plutôt lieu « entre la rentrée et la fin de l’année, à l’occasion du vote du budget », avec « des débats absolument essentiels à avoir sur le sujet de l’immigration, de la mauvaise dépense publique, des économies à faire dans les dépenses de l’État ». Des propos qui semble toutefois écarter le vote d’une censure dans les jours à venir.
« En l’état actuel des choses, je ne parierai pas un kopeck sur la longévité de ce gouvernement », a-t-il ajouté, assurant être « concentré maintenant sur le budget et sur la nécessité de défendre les Français, notamment la France du travail ».