Santé

Un nouveau groupe d’Ehpad épinglé par la Cour des comptes pour des dysfonctionnements graves

SANTÉ – Absence de transparence sur l’utilisation des financements publics, forte instabilité managériale, prise en charge des résidents « dégradée »… La gestion du groupe privé d’Ehpad Bridge par son ancienne direction a été marquée par une kyrielle de « défaillances », selon un rapport de la Cour des comptes publié ce mardi 24 juin. Une document publié plus de trois ans après la publication du livre les Fossoyeurs et le scandale des Ehpad privés Orpéa.

Les magistrats financiers expliquent s’être heurtés à des « difficultés tout à fait inhabituelles » dans l’exercice d’un contrôle, de la part du groupe, qui compte en France 31 Ehpad privés à but lucratif, notamment en Île-de-France, Normandie, Centre-Val-de-Loire et Grand Est.

« Absences de réponses ou réponses partielles aux sollicitations de pièces et d’entretiens, manque de disponibilité de certains interlocuteurs du siège, refus d’accès aux logiciels de gestion » : ce blocage a « perturbé le bon déroulement » de l’instruction, lancée à l’été 2023 et portant exclusivement sur la gestion de l’ancienne direction entre 2019 et 2022, dénonce la Cour dans son rapport.

Nouvelle direction

En dépit de ces « entraves », le contrôle a permis de « mettre en évidence des défaillances opérationnelles » : « instabilité des directeurs d’Ehpad, défaut d’encadrement des équipes soignantes et carences managériales, appui insuffisant du siège, manque de procédures qualité, irrégularités dans la gestion comptable et financière », énumèrent les magistrats.

Cela montre « la nécessité d’une meilleure surveillance, par les pouvoirs publics, des groupes privés gestionnaires d’Ehpad, afin de mieux prévenir les risques de dégradation de la qualité de prise en charge des résidents, et le cas échéant, d’assurer le suivi des plans d’actions en cas de difficultés avérées », estime la Cour.

La Cour des comptes précise que son contrôle porte « exclusivement » sur la gestion de Charles Memoune qui a fondé le groupe en 2017 et non sur la nouvelle gouvernance mise en place à l’été 2024 après la cession à deux actionnaires jusque-là minoritaires.

Dans sa réponse adressée à la Cour des comptes, l’ancien président « regrette » entre autres que le rapport « soit particulièrement à charge et passe sous silence les dynamiques d’amélioration ».

Un secteur ébranlé par la publication du livre « Les Fossoyeurs »

Dans un communiqué, la nouvelle présidente du groupe Delphine Mainguy assure, elle, de sa « volonté de transformation profonde avec des équipes renouvelées et des “process” entièrement repensés pour garantir la qualité de la prise en soins et la sécurité des résidents ».

Le secteur des Ehpad a été particulièrement ébranlé par la publication en janvier 2022 du livre enquête Les Fossoyeurs faisant état de malversations financières et de cas de maltraitance dans certains établissements du groupe Orpea (rebaptisé depuis Emeis).

Face à l’émotion suscitée, le gouvernement d’alors avait annoncé que les 7 500 Ehpad de France seraient contrôlés d’ici deux ans et contraints à davantage de transparence quant à leurs prestations et leur utilisation des fonds publics.