Politique

La niche parlementaire de Ciotti est un tel fiasco que l’extrême droite a boycotté la fin

POLITIQUE – Même pas un os à ronger. La « niche » parlementaire du groupe UDR a tourné court ce jeudi 26 juin en fin de soirée sans qu’un seul de ses textes n’ait pu être approuvé ou même voté. Après une passe d’armes entre Éric Ciotti et le ministre de la Justice Gérald Darmanin, accusé d’être complice de l’obstruction de la gauche, les troupes d’extrême droite ont tout simplement quitté l’hémicycle.

Ce, alors même que le texte concernant l’interdiction des mariages des étrangers en situation irrégulière était en cours d’examen. Si LR et Horizons ont manifesté leur soutien au texte, le MoDem et Renaissance ont exprimé des réserves, pointant le caractère inconstitutionnel de son article clé.

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a apporté son soutien à la proposition de loi, et notamment à deux articles annexes, en faisant part de ses « réserves » sur l’article principal.

La gauche a elle mené la bataille contre le texte contrevenant selon elle au premier article de la Déclaration des droits de l’homme du citoyen de 1789. « L’amour n’a pas de frontières et pourtant vous voudriez en dresser aux portes des états civils », a proclamé le député LFI Aurélien Saintoul, au milieu d’un flot de poèmes, de témoignages et de références historiques et culturelles destinées à ralentir le débat.

Le groupe UDR a bien tenté de convaincre le gouvernement d’accélérer les discussions, à tel point qu’Éric Ciotti a même directement appelé François Bayrou, en vain. « Madame la Ministre est-ce que vous allez, oui ou non, continuer à laisser dérouler cette mascarade (…) ? Je viens d’appeler le Premier ministre et j’attends votre réponse », a-t-il lancé à la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, impassible.

« Sabotage parlementaire » dénonce Ciotti

Dans un communiqué vers 19 heures, l’UDR a fustigé un « sabotage parlementaire » de la part de la gauche, avec la complicité du gouvernement et de LR, quasiment absent de l’hémicycle.

Deux heures plus tard, Gérald Darmanin a finalement annoncé qu’il n’utiliserait pas l’article 44 alinéa 22 de la Constitution, qui permet au gouvernement de limiter le nombre d’amendements examinés, arguant qu’il ne restait de toute façon plus assez de temps pour aller au terme du texte avant minuit, heure à laquelle se terminent automatiquement les niches.

« Ce soir la majorité macroniste soutenue par LR est complice de l’extrême gauche pour favoriser les mariages blancs avec les clandestins », a tempêté l’ancien président de LR. « Vous avez mal géré votre journée parlementaire », a répliqué le Garde des sceaux, s’étonnant par ailleurs que le groupe UDR ait choisi de retirer de son propre gré au début de la journée un texte appelant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. « Personne ne comprend cette situation. Pourquoi d’un seul coup vous devenez si attentif aux demandes du régime algérien ? », a-t-il ironisé.

Éric Ciotti a vu rouge : « Vous ne serez jamais président de la République », a-t-il lancé. « Le ministre des Affaires étrangères m’a appelé trois fois (…) pour me souligner que cette résolution était susceptible de remettre en cause la libération de Monsieur Boualem Sansal », alors que le parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l’encontre de l’écrivain franco-algérien.

Dans la matinée, le groupe UDR avait aussi décidé de retirer sa proposition de loi interdisant l’exécution immédiate de peines d’inéligibilité, face à l’opposition de la majorité de l’hémicycle. La gauche et le bloc central ont dénoncé une loi taillée pour Marine Le Pen, qui a fait appel de sa condamnation dans l’affaire des assistants d’eurodéputés FN, qui la prive à ce stade de l’élection présidentielle. La décision en appel est attendue à l’été 2026.