Divertissement

Le controversé patron de l’Eurovision rend son micro après cinq années difficiles

EUROVISION – Cinq années qui ont parfois eu des airs de chemin de croix. Le superviseur exécutif de l’Eurovision, Martin Österdahl, quitte ses fonctions cet été, a annoncé la délégation du concours le vendredi 27 juin. « Ce fut l’honneur de ma vie professionnelle de diriger le plus grand évènement musical du monde », a déclaré le Suédois dans un communiqué, se disant « profondément reconnaissant à l’ensemble de la communauté » Eurovision, pour sa « passion » et son « soutien ».

Une déclaration positive qui détonne un peu avec ses cinq années difficiles à la tête du télécrochet. Arrivé à son poste en 2020, Martin Österdahl a encaissé coup sur coup la pandémie de coronavirus, l’exclusion de la Russie et plus récemment les controverses en lien avec la participation d’Israël, sur fond de guerre à Gaza. Autant de dossiers sensibles dont la gestion a parfois fait l’objet de vives polémiques, comme l’a rappelé sur X le journaliste spécialiste de l’Eurovision Fabien Randanne.

Si l’annulation du concours en 2020 à cause du Covid ou la décision d’évincer Moscou en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine n’ont pas été mal reçues, la politique de Martin Österdahl lui a valu de vives critiques depuis l’édition 2024, la première après le 7-Octobre et le début de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza après les attaques du Hamas.

Copieusement hué par le public en 2024

Alors que les appels demandant l’exclusion d’Israël se multipliaient, Martin Österdahl n’y a pas répondu, conduisant certains « eurofans » à bouder le concours, dénoncé comme une vitrine indécente pour le soft power israélien. L’Eurovision, qui se veut « apolitique », a finalement eu lieu en 2024 et en 2025 en présence de l’État hébreu, avec à chaque fois des manifestations et des appels au boycott.

En 2024 à Malmö, l’ambiance était particulièrement délétère, des candidats ayant même exprimé clairement leur opposition à la participation d’Israël. À ce climat tendu s’est ajoutée l’exclusion controversée du candidat des Pays-Bas (un des favoris cette année-là) après un « incident » avec une cadreuse. Une décision qualifiée de « très lourde et disproportionnée » par le diffuseur néerlandais, et qui a aussi été mal reçue par le public.

Résultat : les spectateurs présents à Malmö pour la finale ne se sont pas contentés de témoigner leur opposition à la candidate israélienne. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous, Martin Österdahl a lui aussi été copieusement sifflé et hué par la foule alors qu’il annonçait que le vote des jurys nationaux était terminé.

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Une polémique sur le télévote en 2025

La question était loin d’être réglée en 2025. Là aussi de nombreux fans et personnalités ont demandé l’exclusion d’Israël du concours. Une pétition de 72 ex-candidats – dont les Français Jessy Matador et La Zarra – demandant le retrait de l’État hébreu a même été diffusée. « Nous croyons au pouvoir unificateur de la musique, c’est pourquoi nous refusons qu’elle soit utilisée pour blanchir des crimes contre l’humanité », ont écrit les signataires.

Mais une fois de plus, les organisateurs n’ont pas bougé sur leurs positions… et ils ont même été confrontés à une nouvelle polémique. À la surprise générale, la chanteuse israélienne s’est hissée à la deuxième place du concours organisé à Bâle après avoir raflé une part très importante du télévote. Un score qui a étonné de nombreux fans, mais aussi plusieurs diffuseurs.

Ils ont interpellé les organisateurs du concours, notamment sur le nombre de votes autorisés par personne, actuellement au nombre de 20 par mode de paiement. La RTVE espagnole et la VRT belge ont même demandé des comptes sur la transparence des votes pour l’édition 2025. C’est le directeur de l’Eurovision, Martin Green, qui avait dû faire désenfler la polémique, assurant que système de vote comprend « plusieurs niveaux de sécurité » pour « surveiller et prévenir la fraude ».

Plusieurs mesures ont déjà été évoquées pour clore la controverse, comme une limitation du nombre de vote par personne, mais aussi de nouvelles règles sur la promotion des artistes par les délégations nationales. Autant de questions épineuses sur lesquelles devra plancher le successeur de Martin Österdahl à son arrivée à la tête de l’Eurovision.