Limiter les arrêts de travail à 15 jours ? Le directeur de l’Assurance maladie milite pour
SANTÉ – « Ni bon pour la santé, ni bon pour la santé financière de l’Assurance maladie ». Constatant une « très forte augmentation de la dépense arrêts de travail depuis le Covid » qu’il ne juge qu’en partie normale, le directeur général de CNAM Thomas Fatôme souhaite mettre fin à certains abus dans la durée des arrêts de travail, en réduisant à 15 jours seulement ces prescriptions fournies par les médecins.
Au micro de la radio RTL, Thomas Fatôme explique d’abord que cette augmentation post-pandémie s’explique par des « facteurs économiques et démographiques », car « la population active augmente, les salaires augmentent, donc il y a une partie de cette augmentation qui est normale ».
En revanche, « une autre partie », de l’ordre de « 30 % à 40 % », « on ne sait pas très bien l’expliquer », assume le patron de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie, qui évoque des « raisons multifactorielles » en listant notamment le rapport au travail, la santé au travail, les conditions de travail mais « aussi, sans doute, des abus, des fraudes et des prescriptions qui ne sont pas adaptées ».
Un dernier élément contre lequel le directeur général de la CNAM souhaite partir en croisade. En ciblant principalement les « prescriptions d’arrêt de travail qui sont très longues, qui vont bien au-delà des durées de référence ». Pour expliquer ces abus, volontaires ou non, Thomas Fatôme invoque l’exemple des « troubles mineurs de la santé mentale ». Pour lesquels la « recommandation scientifique c’est 15 jours », une durée qui doit devenir la norme selon lui.
Alors que ces 15 jours permettent « un suivi régulier » auprès de son médecin contrairement à un isolement prolongé, Thomas Fatôme déplore un trop grand nombre d’arrêts maladie plus longs. De l’ordre d’« un mois, deux mois, trois mois ».
« Nouvelle vague de contrôle »
Relancé par la journaliste Amandine Begot sur le fait que ce sont des « vrais médecins » qui prescrivent ces durées d’arrêt, le directeur général de CNAM admet l’existence de « situations dans lesquelles la prescription n’est pas conforme au référentiel ». Il en profite également pour rappeler que les « médecins-conseils » de l’Assurance maladie échangent régulièrement avec les médecins prescripteurs, quitte à étudier ensemble certains cas particuliers et trouver la meilleure prescription adaptée.
« Pour les médecins très fortement prescripteurs » d’arrêts de travail, « on mène aussi des contrôles », assure Thomas Fatôme, qui évoque au passage « une nouvelle vague de contrôle » en cours.
Pour défendre sa méthode et le recours à des arrêts de travail de courte durée avec suivi régulier du médecin, il s’en remet au « rapport au travail beaucoup plus dur » pour des salariés ou travailleurs éloignés pendant « six mois, un an, deux ans, trois ans du marché du travail, de l’entreprise » alors qu’ils pourraient par exemple bénéficier d’un « mi-temps thérapeutique » ou d’un « aménagement de poste ».