L’accord de Bougival rejeté par les indépendantistes kanaks avant la venue de Valls
POLITIQUE – Le leader Christian Tein a dénoncé « un accord à marche forcée proposé par Macron. » Le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS), principale alliance indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, a confirmé ce mercredi 13 août qu’il rejetait l’accord de Bougival signé début juillet avec l’État et les non-indépendantistes.
La décision a été prise lors d’un congrès extraordinaire du mouvement samedi et confirmée mercredi lors d’une conférence de presse à Nouméa. Le FLNKS « rejette formellement le projet d’accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de notre lutte », a indiqué Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne et membre du bureau politique du FLNKS.
L’issue de ce congrès ne faisait guère de doute : toutes les structures (partis et syndicats) composant le FLNKS s’étaient déjà prononcées contre l’accord de Bougival, signé le 12 juillet au terme de dix jours de négociations entre indépendantistes et non-indépendantistes sous l’égide du ministre des Outre-mer, Manuel Valls.
Samedi, à l’ouverture du congrès extraordinaire du FLNKS, son président Christian Tein avait appelé, dans une déclaration lue par une militante, à un rejet « clair et sans ambiguïté » de l’accord. Sous contrôle judiciaire, interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie et absent lors des négociations à Bougival, l’indépendantiste considère l’accord comme « l’illustration du mépris de la puissance administrante à l’égard de notre combat pour la reconnaissance en tant que peuple colonisé ».
Les loyalistes dénoncent une « nouvelle trahison »
Ce texte prévoit notamment la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » et d’une nationalité calédonienne, ainsi que la possibilité de transférer des compétences régaliennes (monnaie, justice, police). Mais il ne prévoit pas de nouveau référendum sur l’indépendance, suscitant une levée de boucliers chez les militants indépendantistes.
Sans surprise, les deux principaux mouvement opposés à l’indépendance (Les Loyalistes et le Rassemblement-LR) ont déploré le rejet de l’accord par le FLNKS, y voyant « un reniement de sa signature » et « une nouvelle trahison ». Ils appellent à la création « d’un comité ad hoc, composé de loyalistes et d’indépendantistes favorables à l’accord de Bougival, de membres de la société civile et d’experts » pour en « approfondir certains aspects techniques ».
Le député calédonien Nicolas Metzdorf, membre des Loyalistes et qui siège au sein du groupe Renaissance à l’Assemblée, a lui aussi regretté le positionnement du FLNKS dans un message sur X. « En Nouvelle-Calédonie, c’est désormais l’heure du bon sens, a-t-il écrit, Bougival doit se poursuivre. »
Manuel Valls veut sauver l’accord
De son côté, Manuel Valls a annoncé se rendre « la semaine du 18 août » en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l’accord, qu’il présente comme « un compromis historique, fruit de mois de travail (…) avec toutes les délégations, y compris celle du FLNKS ».
Le FLNKS met également « en garde l’État contre toutes nouvelles tentatives de passage en force », une référence au projet de dégel du corps électoral porté par Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, malgré l’opposition du FLNKS.
La mobilisation du camp indépendantiste contre ce projet avait dégénéré en émeutes le 13 mai 2024, entraînant des mois d’affrontements qui ont fait 14 morts et plusieurs milliards d’euros de dégâts.



