Politique

« Besoin de réconcilier » : pourquoi « l’énorme meeting » du Medef ne fait pas l’unanimité chez les patrons

POLITIQUE – Il y a un (gros) hic. Après avoir menacé d’organiser « dans quelques jours » un « énorme meeting » patronal, le président du Medef Patrick Martin est passé à l’action ce mercredi 24 septembre en annonçant la tenue de l’évènement le 13 octobre prochain. L’objectif est notamment de contrer la circulation de « théories dangereuses » comme la taxe Zucman, avait expliqué mardi le chef de la principale organisation patronale.

Patrick Martin a précisé la date du rassemblement, qui doit se tenir à Paris, en sortant d’un rendez-vous avec Sébastien Lecornu. Une annonce unilatérale, rappelle L’Union, mais à laquelle le Medef promettait de voir se joindre « un très grand nombre d’organisations patronales » dont la CPME et l’U2P, les deux autres organisations représentatives.

Mais le projet semble déjà tourner au vinaigre. L’U2P qui a pour mission de défendre les artisans, les commerces de proximité et les professions libérales a indiqué ce mercredi qu’elle ne sera pas de la partie. L’organisation patronale a affirmé qu’elle n’avait pas été consultée avant les annonces de Patrick Martin qui parlait d’un meeting « toutes organisations confondues ».

« Chacun devra faire un effort à sa mesure », juge le patron de l’U2P

En sortant de Matignon, le président de l’U2P Michel Picon a réitéré ce refus face aux journalistes, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous. « Il y a ce besoin d’apaiser et de réconcilier », a-t-il déclaré, se montrant critique d’« une grande manifestation qui opposerait les uns aux autres ». Il a estimé qu’« on va inévitablement demander des efforts » aux Français et que « chacun devra faire un effort à sa mesure ».

« Mais pour que cet effort soit accepté, il faut qu’il soit équitablement partagé, il faut qu’un certain nombre de dispositifs d’exonération fiscale, d’optimisation fiscale, de holdings […] cesse, a-t-il poursuivi, si on ne dit pas aux Français que les efforts seront partagés par tous, ils ne seront acceptés par personne. » Des propos qui sont assez loin de coller à la ligne défendue par Patrick Martin. De son côté, le chef de la CPME, Amir Reza-Tofighi, a indiqué qu’il consulterait ses instances avant de répondre.

Pour sa part, Patrick Martin s’est défendu d’organiser « un meeting contre Sébastien Lecornu ou contre un gouvernement qui d’ailleurs n’est pas encore constitué, ni contre un budget qui n’est pas encore écrit ». « C’est simplement qu’il nous paraît nécessaire de rééquilibrer un débat qui a été préempté par certains, et qui sature en définitive les ondes, sur les super-riches, etc. », a assuré le chef du Medef, estimant que « le vrai sujet de la France aujourd’hui, c’est de recréer de la dynamique économique ».

« On tiendra un discours à la fois un peu alarmiste sur la vacuité ou en tout cas la dangerosité de ce débat fiscalo-fiscal, qui ne tient aucun compte de la situation internationale, et on va faire des propositions », a assuré Patrick Martin « Ce pays a besoin de perspectives, de se réenchanter, je ne dis pas qu’on y arrivera, mais on va essayer », a-t-il conclu.