Le préfet du Gard démonte la défense de l’imam Mahjoubi, menacé d’expulsion
POLITIQUE – « Oui, évidemment, il y a appel à la haine. » Le préfet du Gard Jérôme Bonet a réagi ce mardi 20 février à la polémique concernant l’imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze, dont Gérald Darmanin a demandé l’expulsion. Auprès de franceinfo, le préfet estime que « plusieurs prêches » récents de l’imam Mahjoub Mahjoubi constituent bel et bien des « appels à la haine » et ne relèvent pas du simple « lapsus », comme l’intéressé a tenté de le faire croire.
Cette déclaration intervient au lendemain de l’ouverture par le parquet de Nîmes d’une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme à l’encontre donc de l’imam Mahjoubi, après la publication d’une vidéo relayée sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifie le « drapeau tricolore » de « drapeau satanique » qui n’a « aucune valeur auprès d’Allah ».
Il plaide la confusion
« Je ne parlais en aucun cas du drapeau français », s’est-il depuis défendu sur France Bleu Gard Lozère et BFMTV, expliquant qu’il dénonçait les rivalités entre supporters de pays du Maghreb lors de la récente Coupe d’Afrique des Nations (CAN) : « Je parle des stades et de tous ces drapeaux qu’on lève dans les stades et qui divisent les musulmans. »
« J’ai fait un lapsus dans mon discours, je ne suis pas Voltaire ni Victor Hugo. Dans mes propos, au lieu de dire “tous ces drapeaux multicolores ou de différentes couleurs”, eh bien j’ai dit “tous ces drapeaux tricolores”, mais en aucun cas je ne parlais de la France », a ajouté Mahjoub Mahjoubi pour sa défense.
« Bien au contraire, je défends la République, la laïcité. Bien entendu j’ai défendu Samuel Paty (le professeur assassiné en 2020 par un jeune jihadiste, ndlr), j’étais dans la marche pour Charlie Hebdo. Aujourd’hui, on me fait un procès d’intention parce que je me suis trompé dans un propos », a poursuivi l’imam.
« Un lapsus qui dure plusieurs dizaines de minutes »
Un plaidoyer bien loin de convaincre le préfet chargé par Gérald Darmanin d’étudier l’expulsion du responsable religieux. « Il y a plusieurs dizaines de minutes de prêches qui ont été analysés et qui recèlent bien d’autres choses que ce pseudo-lapsus », a en effet répliqué sur franceinfo Jérôme Bonet, estimant qu’« on est sur des contenus qui remettent fondamentalement en cause nos valeurs ».
Le préfet ajoute qu’« il appartiendra au parquet de caractériser les infractions, mais quand j’entends parler d’un “lapsus” au sujet des drapeaux, c’est un lapsus qui dure plusieurs dizaines de minutes, (avec) des propos qui ne touchent pas qu’à la question du drapeau, qui tiennent également à la place de la femme, du peuple juif qu’il désigne comme un ennemi ».
Outre l’enquête du parquet, « il y a le volet du droit au séjour, qui fait l’objet comme l’a souhaité le ministre de l’Intérieur d’une instruction pour voir les modalités selon lesquelles nous pourrons le cas échéant retirer le titre de séjour de cette personne », a aussi expliqué le préfet, rappelant que l’imam Mahjoubi est de nationalité tunisienne. « C’est ce que permet la nouvelle loi immigration. Doit-on conserver sur notre territoire des gens qui tiennent des propos qui contestent à ce point nos valeurs ? », feint-il de s’interroger.
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