Politique

Mamdani élu, ces insoumis donnent l’impression d’avoir gagné la municipale à New York

POLITIQUE – Do you speak wall street english ? Visiblement les insoumis ont décidé de s’inspirer des méthodes marketing de la célèbre campagne d’affichage martelée dans métro parisien pour des formations d’anglais. À moins qu’ils n’aient décidé de prendre (vraiment) beaucoup d’avance sur les municipales de 2026, quitte à s’autoriser quelques libertés géographiques et graphiques.

La victoire annoncée ce mercredi 5 novembre du candidat socialiste Zohran Mamdani à la mairie de New York est — sans surprise — célébrée avec ferveur par les élus de la France insoumise qui, pendant toute la campagne ont vu des similitudes entre leur positionnement et l’offre du candidat démocrate : justice fiscale, gel des loyers, positions fortes sur la guerre à Gaza.

« Les leçons sont nombreuses pour le camp de la rupture dans le monde entier » salue ce mercredi Clémence Guetté quand Mathilde Panot voit dans sa victoire « une leçon : seule la gauche de rupture peut battre l’extrême droite ».

I love Photoshop

Si les cadres du parti sont sur le registre de l’analyse politique, d’autres ont beaucoup forcé le trait, quitte à donner l’impression de s’approprier la victoire de Zohran Mamdani. Sur X, plusieurs élus LFI ont ainsi publié des visuels reprenant tous les codes des affiches de campagne du New-Yorkais : une vue célèbre du pont de Manhattan dans le fond dans un bleu électrique devenu une véritable signature de Mamdani, tout comme sa police de caractères si particulière, inspirée du Boheld. Le tout accompagné évidemment d’un slogan en anglais et de la bobine des concernés.

C’est notamment le cas des députés Anaïs Belaoussa, François Piquemal, et même du compte officiel La France Insoumise Paris, qui a elle fait le choix de faire figurer également Sophia Chikirou, Danièle Obono, et Sarah Legrain. Quant à Rodrigo Arenas, il a même ressorti le slogan de Barack Obama à sa façon : « yes we can again ».

Sur certains visuels, les élus français apparaissent en plus gros plan que Zohran Mamdani lui-même, semblant de fait reléguer le New-Yorkais à la place d’un suppléant. Il y a en outre un peu de cocasserie à voir des élus insoumis français, jamais avares de critiques sur l’impérialisme américain, s’approprier les codes d’une campagne spécifiquement conçue pour New York. Comme le détaillait Aneesh Bhoopathy, artisan de l’identité visuelle du candidat, les couleurs et les formes ont été pensées pour s’inspirer des codes graphiques de la ville : les couleurs de ses taxis jaunes et de sa carte de transport un peu criarde, ou encore la vieille typographie de ses échoppes et épiceries.

Quant au bleu, couleur associée aux démocrates aux États-Unis, elle est plutôt celle de la droite en France. Elle est d’ailleurs rarement, voire jamais, utilisé par LFI qui dans sa charte graphique lui préfère le violet, le rouge, ou le jaune et vert.

From Paris to New York, real quick

Politiquement, cette récupération un peu grossière s’inscrit chez les insoumis dans la mise en scène de leurs liens à l’international, y compris aux États-Unis. L’eurodéputée insoumise Manon Aubry n’avait pas manqué de publiciser son passage à New York il y a quelques jours, au cours duquel elle est allée tracter avec les soutiens de Zohran Mamdani.

En avril, une médiatique délégation insoumise venue avec Jean-Luc Mélenchon avait également rencontré Alexandria Ocasio-Cortez, autre figure de la gauche radicale américaine. Comme le soulignait auprès du HuffPost, le docteur en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles Christophe Sente, « la gauche française cherche régulièrement à identifier des “héros” sur la scène internationale mais c’est la première fois qu’elle le fait sur le terrain de la radicalité aux États-Unis ». À noter cependant que les insoumis ne sont pas les seuls à s’inspirer du nouveau maire de New York à gauche. De François Ruffin à Fabien Roussel, en passant par le candidat à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, chacun a trouvé dans l’élection à New York de quoi faire campagne.