Politique

La ministre de l’Agriculture tente de clore la polémique lancée par Macron sur le Mercosur

POLITIQUE – Service après-vente bonjour ! Trois jours après des propos « positifs » d’Emmanuel Macron quant à un possible feu vert sur l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, la ministre de l’Agriculture tente une opération de déminage. Pour rassurer les agriculteurs, très remontés contre cet accord, Annie Genevard a assuré dimanche que la France ne « signera pas » un texte qui les « condamnerait ». Dans les colonnes du JDD, désormais sous contrôle de Vincent Bolloré, la ministre a réaffirmé plusieurs « lignes rouges » de Paris.

« Nous voulons soutenir nos agriculteurs et c’est pourquoi la France ne signera pas un accord qui les condamnerait à terme », a-t-elle déclaré. Les limites fixées par l’exécutif à l’accord de libre-échange sont au nombre de trois. La première ligne rouge est « une clause de sauvegarde agricole spécifique », des « mesures miroir » empêchant l’importation en Europe de produits agricoles moins-disants que les normes européennes sanitaires et environnementales et un renforcement des contrôles sanitaires.

À propos de la clause de sauvegarde, l’idée serait, selon Annie Genevard, de « pouvoir enclencher un frein d’urgence si, par exemple, la filière est menacée par une chute massive de prix liée à un afflux des denrées importées ». La ministre a toutefois reconnu que de nombreux points étaient à éclaircir, assurant de sa « vigilance » : « Qui décide ? Qui vérifie ? En combien de temps ? Quels critères déclenchent le mécanisme ? Nous sommes en train de l’examiner en nous posant une seule question : ce dispositif est-il réellement efficace et protecteur pour nos agriculteurs ? ».

« La France a les moyens de se faire entendre »

Interrogée sur la possibilité pour la France de « bloquer » le processus, alors que le Brésil a évoqué une signature avec l’UE d’ici au 20 décembre, Annie Genevard a affirmé que la France « a les moyens de se faire entendre » et souligné que d’autres Etats-membres partagent ses inquiétudes parmi lesquels la Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Irlande et la Hongrie. « Tant que ces garanties ne sont pas écrites, validées et acceptées par nos partenaires du Mercosur, la France restera sur sa position », a insisté Mme Genevard.

Jeudi, au Brésil, Emmanuel Macron s’était dit « plutôt positif » sur la possibilité d’accepter cet accord commercial décrié en France, tout en affirmant rester « vigilant », assurant quelques heures plus tard, lors d’une nouvelle étape de sa tournée sud-américaine, au Mexique, que « la France continue d’attendre des réponses claires ». Ces propos, alors que la France a longtemps jugé l’accord inacceptable avant ces clauses, ont été dénoncés par une grande partie de la classe politique française et le monde agricole.