Cette mesure explosive pour les retraités rejetée à l’Assemblée
POLITIQUE – La mesure, explosive sur le plan politique, a été désamorcée. Ce jeudi 13 novembre, dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances (PFL) à l’Assemblée nationale, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite a été rejetée par les députés. Une piste d’économie à très fort potentiel polémique, et sur laquelle comptait aussi François Bayrou au nom de la répartition des efforts.
Reprise dans la copie de son successeur Sébastien Lecornu, l’idée a été largement balayée par les députés : 213 ont voté pour la suppression du dispositif, contre 17 pour son maintien. « Le projet originel du gouvernement continue d’être corrigé », s’est félicité sur le réseau social X le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Comme lors de l’examen du PLF en commission, l’amendement de suppression a été voté par la gauche, le bloc central, Les Républicains et le Rassemblement national.
Il existe néanmoins des élus au sein du camp macroniste qui continuent de prôner pour l’adoption d’une mesure mettant à contribution les retraités. C’est notamment le cas du député Renaissance, Guillaume Kasbarian. « Après avoir augmenté toutes les retraites hier, les députés refusent aujourd’hui toute réforme de l’abattement de 10 % sur les revenus des retraités… Le manque de courage actuel des responsables politique alimentera demain des tensions générationnelles. Je le regrette », a-t-il dénoncé.
Sujet tabou
Comme nous l’écrivions l’été dernier, la mise à contribution des retraités demeure largement tabou au sein du monde politique. Puisque s’attaquer à leurs portefeuilles représente un vrai risque électoral. Qui plus est à quelques mois des municipales et dans le contexte où cette part de l’électorat ne cesse d’augmenter et que les intéressés sont toujours nombreux à se rendre aux urnes.
« Sur les 54 millions de Français en âge de voter, à peu près la moitié a plus de 50 ans. Et d’ici à dix ans, le nombre de personnes ayant entre 75 et 85 ans va passer de 4 à 6 millions. C’est en quelque sorte un électorat d’avenir ! », observait en octobre 2024 dans La Croix Luc Rouban, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).
Ainsi, alors que les retraites représentent une part massive des dépenses publiques chaque année, environ 25 % (14,4 % du PIB contre 11,9 en Europe), Michel Barnier avait tenté lui aussi tenter de demander un effort supplémentaire à ce segment de la population. Ce qui avait décidé le RN à le censurer, et avait donc précipité sa chute. Selon le chiffre donné par Bercy ce jeudi 13 novembre après le vote des députés, le coût du maintien de l’abattement fiscal des retraités est estimé à 1,2 milliard d’euros.


