Ce défilé de mode devant la frise du Parthénon indigne la Grèce et ravive un vieux conflit
MODE – Pour les adeptes de la Fashion Week, c’est un spectacle grandiose, mais pour la Grèce, il s’agit d’un énième manque de respect. Un défilé de mode devant les frises du Parthénon d’Athènes, au British Museum de Londres samedi 17 janvier, a suscité la colère des autorités grecques, qui demandent depuis des années la restitution des célèbres marbres.
Le créateur Erdem Moralioglu a choisi le décor impressionnant de la salle d’exposition de ces prestigieuses œuvres antiques pour présenter la collection automne hiver 2024 de sa marque éponyme Erdem, inspirée de la cantatrice grecque Maria Callas et de son interprétation de l’opéra Médée en 1953. Le public a chaudement applaudi la collection et adoré le cadre grandiose du défilé, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.
Mais la réaction de la ministre grecque de la Culture n’a pas été la même. « En organisant un défilé de mode dans la salle d’exposition où les frises du Parthénon sont exposées, le British Museum, une nouvelle fois, démontre qu’il n’a aucun respect pour les chefs-d’œuvre du sculpteur Phidias », a réagi samedi soir Lina Mendoni, dans un communiqué.
« Les responsables du British Museum dévalorisent et insultent non seulement le monument, mais aussi les valeurs universelles dont il est porteur. Les conditions d’exposition des sculptures dans la galerie Duveen se détériorent de jour en jour. Il est temps que ce chef-d’œuvre volé et maltraité resplendisse à nouveau sous la lumière de l’Attique », a-t-elle ajouté.
Les marbres de la discorde
La Grèce demande depuis des décennies la restitution de cette frise de 75 mètres détachée du Parthénon, qui fait partie des pièces maîtresses du British Museum. Londres affirme que les sculptures ont été « acquises légalement » en 1802 par le diplomate britannique Lord Elgin, qui les a revendues au British Museum. La Grèce soutient qu’elles ont été l’objet d’un « pillage » alors que le pays était sous domination ottomane.
En novembre 2023, une rencontre bilatérale prévue à Londres entre le Premier ministre Rishi Sunak et son homologue grec, Kyriakos Mitsotakis, avait été annulée par le dirigeant britannique, après une déclaration du chef de gouvernement grec à la BBC.
Kyriakos Mitsotakis, ardent partisan d’un retour à Athènes des célèbres marbres, avait estimé que conserver une partie des frises du Parthénon hors de Grèce revenait à « couper Mona Lisa (la Joconde) en deux ». Selon un récent sondage YouGov, 53 % des Britanniques sont favorables à leur restitution.
Au sommet de l’Acropole, le Parthénon est un temple construit au Ve siècle avant JC dédié à la déesse Athéna. Le nouveau musée de l’Acropole, inauguré en 2009, a réservé un emplacement pour accueillir les frises du Parthénon. Les dirigeants du musée n’attendent qu’une chose : que les marbres rentrent à la maison.
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