Culture

Cette série adaptée de « La Peste » va vous rappeler de (très) mauvais souvenirs

SÉRIE TÉLÉ – Comorbidité, immunité collective, variant… Pour certains, les plaies ne sont pas encore refermées et le traumatisme du Covid est encore présent. Pourtant, France 2 diffuse « déjà » à partir de ce lundi 4 mars la mini-série La Peste. Adaptée librement du roman d’Albert Camus publié en 1947, elle se penche sur une mystérieuse épidémie meurtrière et sa gestion par les autorités. Quatre ans presque jour pour jour après le premier confinement mis en place lors de l’épidémie de Covid-19, impossible de ne pas faire le rapprochement.

Dans la série créée par Gilles Taurand et Georges-Marc Benamou, on suit la propagation d’une maladie mortelle dans une petite ville balnéaire du sud de la France. Et comme dans le prix Nobel de 1957, il s’agit de la peste, maladie qu’on pensait alors disparue.

La série suit l’acharnement d’un médecin généraliste un peu bourru, Bernard Rieux, qui tente d’être sur tous les fronts. Sauver ses patients en obtenant des moyens, aider les chercheurs qui luttent pour trouver un remède, forcer la main aux pouvoirs publics qui veulent cacher la vérité, et faire connaître cette réalité aux habitants. Pour ce faire, il est épaulé par différents individus : un journaliste, une jeune prof de piano, un dessinateur en mal d’inspiration, ou encore des chercheurs.

Jour après jour et semaine après semaine, la ville sombre et les cadavres s’accumulent. La série prend place en 2030, mais les parallèles avec l’épidémie de Covid-19 sont évidents, et même assumés et exprimés. La Peste met en images l’ignorance des pouvoirs publics qui préfèrent, au début, ne rien faire, et la rapidité de la propagation du virus. « J’ai jamais vu un truc qui galope à cette vitesse, rien à voir avec le covid. On n’est pas au bout de nos emmerdes », se désespère une urgentiste.

La série offre aux téléspectateurs des flash-back lorsque les confinements sont illustrés. « Nous étions devenus des prisonniers sans avenir. Chacun dû accepter de vivre au jour le jour », explique Bernard Rieux. Une situation que les Français ont vécue à trois reprises entre mars 2020 et avril 2021. Même chose en ce qui concerne le sentiment d’euphorie lorsque le déconfinement est annoncé, à tort, par les pouvoirs publics et que les salles de spectacles, restaurants et autres bars sont instantanément remplis de gens impatients de retrouver un semblant de vie sociale.

Le gouvernement impuissant dans la série La Peste

Le maire d’abord, préfère fermer les yeux pour préserver la saison estivale. Le préfet ensuite, et le gouvernement, misent sur une stratégie qui résonne étrangement à nos oreilles. Le plan D comme Darwin, qui vise à confiner et isoler totalement la ville, puis déconfiner brusquement afin que le virus se propage, pour tenter d’atteindre la fameuse immunité collective. En omettant « combien de morts il faut pour atteindre l’immunité collective » comme le rappelle le personnage de Laurence, et les profils les plus faibles que la « sélection naturelle » ne favorisera pas.

Dans la série, les soignants et les chercheurs sont en réalité les seuls dans les faits à lutter contre l’épidémie. La série vient aussi largement illustrer le manque criant de moyens de l’hôpital public, général et spécifiquement face à une crise de cette ampleur. Le manque d’ambulances, de respirateurs, de médicaments, de lits, obligeant ainsi la mise en place d’hôpitaux de fortune et la création de « brigades sanitaires » avec des bénévoles. La Peste vient mettre en lumière aussi l’épuisement total des personnels soignants face à cette épidémie et leur solitude.

La Peste, série futuriste sur le passé

La série reprend en grande partie l’intrigue et les personnages du roman de 1947, puisqu’on y suit le combat du Dr Bernard Rieux, du journaliste Sylvain Rambert, de l’original Jean Tarrou ou encore du chercheur Castel.

Pourtant, elle se veut futuriste et presque dystopique à plusieurs niveaux. Elle se déroule dans un futur proche dans lequel il y a un gouvernement central, un seul journal d’opposition, et une police omniprésente qui use à volonté de la vidéosurveillance et de la force. Une ville qui ne peut que sombrer dans le chaos, malgré toutes les bonnes volontés du Docteur Rieux.

Elle décrit à l’échelle d’une ville peu ou prou ce que les Français ont vécu pendant de longs mois, ce qu’ils auraient pu vivre, mais aussi, ce qu’ils pourraient vivre à l’avenir. Si les leçons du passé n’étaient pas intégrées et que rien ne venait à changer.

La mini-série en quatre épisodes La Peste est à découvrir à partir du lundi 4 mars à 21 h 10 sur France 2. Au casting, on retrouve Frédéric Pierrot, Hugo Becker, Johan Heldenbergh, Judith Chelma, Pascale Arbillot et Sofia Essaïdi.

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