Avant le « besoin d’Europe », le camp Macron a « besoin d’union » pour les européennes
POLITIQUE – Thérapie de troupes. Le camp présidentiel (moins Emmanuel Macron) se retrouve ce samedi 9 mars à Lille pour lancer sa campagne européenne à exactement trois mois d’un scrutin qui s’annonce périlleux. Signe de l’importance du moment : Gabriel Attal et son gouvernement presque au complet seront présents aux côtés de la tête de liste, Valérie Hayer.
Ce grand raout, fort tardif, selon les esprits chagrins dans la majorité, doit effectivement permettre à la coalition Renaissance – MoDem – Horizons, longtemps suspendu à l’indécision d’Emmanuel Macron concernant le chef d’équipe, de se mettre enfin en marche. Le tout, derrière un slogan clair : « besoin d’Europe ».
Ce mot d’ordre, pensé pour cibler ceux qui pourfendent la construction européenne – notamment le Rassemblement national – sera partout ce samedi au Grand palais lillois. Mais force est de constater que les troupes macronistes ont, avant tout, « besoin d’union » pour essayer de rattraper leur retard sur le parti d’extrême droite.
Des bisbilles à solder
Car si les murs ne tremblent pas encore dans la maison macroniste, ces derniers mois ont révélé des lézardes inquiétantes. En tout cas inédites. Au-delà des rumeurs (tenaces) autour de la structuration de l’aile gauche du camp Macron, relancées après le psychodrame de la loi immigration et la fronde retentissante de plusieurs ministres d’alors, le sort des alliés du chef de l’État est à scruter tout particulièrement.
Du côté du MoDem, tout d’abord, le dernier remaniement a eu bien du mal à passer. Les chefs du parti centriste se sont émus d’un gouvernement qui penche trop à droite et de la nomination de plusieurs ministres jadis proches de Nicolas Sarkozy, ennemi politique intime de François Bayrou. Échaudé, le Béarnais a ensuite frondé. Il s’est effectivement payé de luxe de refuser un poste au gouvernement et de critiquer durement l’exercice du pouvoir par Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Un coup de Trafalgar inédit, propice à nourrir la défiance entre les différentes chapelles du camp présidentiel.
Du côté d’Horizons, ce n’est pas la panacée non plus. Le parti d’Édouard Philippe, qui s’est fait plus discret lors du grand chambardement gouvernemental – le maire du Havre se bornant à expliquer sa « surprise » face au nouveau casting – a surpris son monde en débauchant deux députés Renaissance mi-février.
Pierre Henriet et Bertrand Bouyx ont effectivement quitté les rives du groupe macroniste dirigé par Sylvain Maillard pour rejoindre celui des philippistes, mené par Laurent Marcangeli. Un transfert contraire à la clause de non-agression signée par les partis de la coalition avant les législatives, qui a suscité l’ire du patron des députés Renaissance à l’Assemblée, et une montée de tension entre les deux camps.
Quelle place pour les alliés ?
C’est bien simple : depuis ces événements, les relations entre les deux « boss » sont rompues, et la réunion hebdomadaire entre les trois chefs de groupe à l’Assemblée n’est plus. De fait, ces tensions larvées s’observent à plusieurs étages. De quoi compliquer la mise en route de la campagne ?
Difficile, dans ces conditions, de favoriser l’allant autour de Valérie Hayer, et de mobiliser l’ensemble des troupes pour la dernière course nationale d’Emmanuel Macron. Pour l’instant « chacun avance dans son coin », nous explique une conseillère de l’exécutif, au fait de l’organisation de la campagne. Question programme notamment. Pour elle, la question est désormais de savoir si les différents cadors (et leurs écuries) arrivent à « mettre en pause leurs ambitions personnelles » le temps de cette compétition collective.
Pas simple, alors que les embûches sont encore nombreuses. Parmi elles : la composition de la liste, et les places qui suivent Valérie Hayer. Le MoDem comme Horizons lorgnent une meilleure représentation, eux qui comptent à l’heure actuelle 6 et 2 eurodéputés. Pas simple avec des sortants qui veulent tous (ou presque) repartir pour un tour, et avec le spectre d’un score décevant. Après la thérapie de troupes, la lutte des places promet déjà d’être difficile.
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