Le conflit entre Inès Reg et Natasha St-Pier fascine, et c’est à cause de notre rapport à la télévision
TÉLÉ – Depuis plusieurs jours, les rumeurs ne cessaient d’enfler : entre Inès Reg et Natasha St-Pier, deux candidates de la treizième saison de Danse Avec les Stars, rien ne va. En cause, une altercation qui a eu lieu en coulisse et qui a dégénéré. Depuis, les deux protagonistes ont partagé leurs versions des faits par de longues stories sur leurs comptes Instagram respectifs.
Pour l’heure, personne ne peut affirmer avoir de certitude sur la manière dont les choses se sont déroulées entre les deux célébrités. Mais une chose est sûre : des réseaux sociaux à la machine à café, tout le monde semble avoir un avis sur la question. Pourquoi ce conflit, comme tant d’autres prises de bec télévisées, suscite-t-il autant de fascination chez le public ? Le HuffPost a interrogé Céline Ségur, spécialiste en sciences de l’information et de la communication et chercheure au centre de recherche sur les médiations de l’université de Lorraine.
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Entre la télévision et son public, un lien de proximité
Pour comprendre cet emballement du public, il faut, selon Céline Ségur, revenir au moment où la télévision s’est installée chez les Français, dans les années 60. « Le credo, c’était : “La télé vient chez vous, dans votre salon et quelque part, dans votre intimité.” Les personnes présentes à l’écran allaient faire partie de notre quotidien, avec des rendez-vous à heure fixe, et ces personnes devaient toujours être chaleureuses et bienveillantes », explique la chercheure.
L’objectif : créer un lien de proximité entre les téléspectateurs et la télévision, et ce via les personnes qui y sont mises en avant. « Dans un premier temps, c’était les animateurs et animatrices. Aujourd’hui, il y a aussi les acteurs et actrices des émissions comme les télécrochets ou la téléréalité » précise-t-elle. Cette incarnation génère un lien affectif fort qui devient un moteur d’audience. « C’est une des recettes pour faire fidéliser les téléspectateurs et les inciter à suivre tous les numéros du programme, souligne-t-elle avant de reprendre. On va parfois mettre l’accent sur leurs fragilités, les mettre en scène comme des « idéaux type » qu’on rencontre dans la société. » Dans un télécrochet comme Danse avec les stars, mais aussi dans la téléréalité, les personnes qui participent sont mises en scène comme des personnages. On peut s’identifier à eux, on pense connaître leur personnalité.
Conflit et relations para-sociales
Une fois ce lien établi entre spectateur et personnalité du petit écran, les conflits peuvent prendre une intensité plus forte. « Ce n’est pas spécifique à la télévision, mais les situations exceptionnelles comme le conflit attirent et intéressent beaucoup plus que la banalité. Il se passe quelque chose, il y a de l’action » explique Céline Ségur, qui poursuit. « Les spectateurs peuvent réagir au conflit avec un personnage qu’ils apprécient comme ils réagiraient à un conflit avec un ou une de leurs proches. » Au point, donc, de défendre bec et ongles des personnes qui ne nous connaissent pas.
Mais ce n’est pas tout. D’après la chercheure, la mise en scène télévisuelle passe aussi par l’attribution de rôles spécifiques. « Ces catégorisations sont effectuées en fonction de “cases” existantes dans la société : identitaire, catégorie socioprofessionnelle, classe sociale… » Autant de caractéristiques qui sont utilisées par les spectateurs pour interpréter et expliquer le comportement des individus qu’ils observent. Et sur ce point chacun ne peut que projeter ses propres grilles de lecture.
« Menteuse », « agressive »… Sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui se targuent d’avoir découvert le « vrai visage » de l’une ou l’autre. Ce 26 mars, les #InesReg et #NatashaStPier sont en top tendance et chaque prise de parti entraîne un flot de réponses acerbes de l’autre camp. Un schéma classique sur les réseaux sociaux. « Ces commentaires sont tellement décontextualisés de l’émission que la discussion prend vite la forme d’un conflit, le dialogue devient impossible » rappelle la spécialiste en sciences de l’information et communication.
Une question reste en suspens. Quel est l’intérêt de commenter collectivement cette situation ? « Des chercheurs le disent depuis des dizaines d’années, la télévision fait partie d’un patrimoine commun dans notre société, fait valoir Céline Ségur. C’est un élément d’interaction sociale : ce qui se passe à la télé fait partie des choses sur lesquelles il faut avoir un avis. Ça nous construit nous-même, ça renforce notre identité. » Attention cependant : pour les adultes aussi, il est recommandé de lâcher les écrans après deux heures par jour.
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