Politique

Cette maire avait interdit la mendicité dans sa ville, la justice lui donne tort

POLITIQUE – Ouf de soulagement pour une partie des Amiénois et des associations locales. Le tribunal administratif d’Amiens annonce, ce jeudi 16 mai, avoir ordonné la suspension de l’arrêté pris par la mairie visant à interdire la mendicité dans le centre-ville entre mai et août. La maire UDI de la ville avait tenté de proscrire la pratique « à la suite des plaintes récurrentes des commerçants ».

Le tribunal a estimé dans un communiqué que l’arrêté entraînait « une limitation substantielle et durable à la liberté d’utiliser et d’occuper l’espace public » et que son « exécution portait une atteinte grave et immédiate à la liberté d’aller et venir ». Il juge aussi « qu’il existait un doute sérieux sur la légalité » de cet arrêté et a donc ordonné sa suspension avec application immédiate.

Un arrêté « inhumain »

L’arrêté municipal, pris le 25 avril dernier, visait à interdire la mendicité du 1er mai prochain jusqu’au 31 août, du mardi au samedi, de 8h à 20h, dans l’espace piétonnier du centre-ville. « Soit » les personnes sans domicile « restent sur place et se comportent correctement, soit [elles] doivent aller voir ailleurs », avait justifié Brigitte Fouré sur France Bleu Picardie.

En réaction, la Ligue des droits de l’Homme et plusieurs associations d’aide aux sans-abris, avaient saisi le tribunal administratif en référé afin d’obtenir la suspension de l’arrêté, qualifié de « catastrophe » par Fabrice Catoire, fondateur de l’association Maraudes citoyennes amiénoises.

Dans une lettre ouverte publiée sur Facebook, les membres des Maraudes citoyennes amiénoises avaient aussi jugé l’arrêté « inhumain », soulignant que « mendier n’est pas un plaisir ou une carrière, c’est une façon de survivre ».

La maire a de son côté souligné ce jeudi qu’elle et ses équipes continueront à chercher « les solutions les plus adaptées au renforcement de la tranquillité publique et à l’attractivité du centre-ville ».

La décision du tribunal peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État. Des arrêtés anti-mendicité ont déjà été pris par plusieurs villes françaises ces dernières années, comme à La Rochelle en juin dernier ou Saint-Etienne en 2021, mais ont souvent été retoqués par la justice.

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