Politique

Le drame de la rue d’Aubagne, la « trace indélébile » qui hantait Jean-Claude Gaudin « tous les jours »

POLITIQUE – Pas un seul jour ne passait sans qu’il n’y pense. La tragédie de la rue d’Aubagne survenue le 5 novembre 2018 a marqué la fin de la vie de l’ex-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, mort ce lundi 20 mai à l’âge de 84 ans. Le drame, ayant coûté la vie à huit personnes, a lourdement entaché le quatrième et dernier mandat de l’édile.

Fin 2018, les Marseillais sont toujours sonnés suite à l’effondrement de deux immeubles insalubres d’un quartier populaire en plein cœur de la ville. Après le choc, l’émotion, il faut trouver des responsables. Tous les regards se tournent alors vers la mairie – propriétaire de l’un des bâtiments – et vers celui qui la dirige : Jean-Claude Gaudin.

Les associations accusent la municipalité d’avoir ignoré les alertes. Dans la foulée, des milliers de personnes sont évacuées de logements déclarés en « péril imminent ». L’onde de choc révèle au grand jour l’ampleur du mal-logement dans une ville où 40 000 personnes vivent dans des taudis.

Pour manifester leur colère et leur incompréhension, des milliers de Marseillais défilent dans les rues de la cité phocéenne en novembre 2018 et novembre 2019. « Cela me hante tous les jours (… ). J’y pense sans arrêt », confiait l’ancien maire sur l’antenne de RTL en 2021 à l’occasion de la publication de ses mémoires Maintenant, je vais tout vous raconter où il parle même de « trace indélébile » pour évoquer l’évènement. « En 24 ans je n’ai jamais connu un drame pareil », a-t-il dit aussi un jour à l’AFP.

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Le drame et « l’immobilisme » dénoncé par ses opposants durant la fin de son règne sont autant d’explications du basculement à gauche de Marseille en juillet 2020 et la défaite de Martine Vassal, candidate de droite soutenue par Jean-Claude Gaudin. Interrogés par le quotidien local La Provence après les élections municipales de 2020, 57 % des Marseillais sondés jugeaient le bilan « médiocre ou mauvais » du maire sortant et seuls 3 % considéraient son travail comme « excellent ».

Vélodrome, Mucem, baisse du chômage

Il laisse pourtant derrière lui un héritage dense salué par une immense partie de la classe politique, y compris ceux qui l’ont combattu. « Il manquera à cette ville. Sa trace restera », a salué son successeur BenoÎt Payan qui n’avait pourtant pas de mots assez durs quand il l’affrontait et qui a souvent assuré avoir récupéré une ville dans un état « lamentable ». « Il laissera une trace indélébile », a salué son ancien adjoint désormais président de région Renaud Muselier.

C’est sous sa mandature que le stade Vélodrome a été rénové pour en devenir le symbole qu’il est aujourd’hui. De même, en 2013, l’année où Marseille fut la capitale européenne de la Culture, il inaugure le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) désormais centre névralgique de la culture dans la cité phocéenne.

Côté économique, il s’est souvent félicité d’avoir fait passer le chômage de 22 % à son arrivée à 11 % aujourd’hui, sa « plus belle réussite ». Dans les années 1990, Marseille mise aussi sur les croisières pour faire revenir des touristes à fort pouvoir d’achat. Les croisiéristes étaient moins de 20 000 par an en 1995. Ils seront deux millions 15 ans plus tard.

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