Culture

À Cannes, Judith Godrèche tient la promesse qu’elle a faite à celles qui lui ont écrit

CINÉMA – Judith Godrèche met le sujet des violences sexuelles à l’agenda du Festival de Cannes. Ce mercredi 15 mai, l’actrice française, devenue l’une des figures de proue du mouvement #MeToo en France, monte les marches pour présenter son second film en tant que réalisatrice, un court-métrage intitulé Moi aussi.

Présenté à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la section Un Certain Regard, le film d’une dizaine de minutes – que nous avons vu – met en scène la fille de la réalisatrice, Tess Barthélémy, au milieu d’un rassemblement dans les rues de Paris. La jeune femme vêtue d’une longue robe blanche déambule d’abord autour des manifestants, des femmes principalement.

Tout à tour, elles plaquent leurs deux mains sur leur bouche, comme pour se taire. Tess Barthélémy, elle, entame une chorégraphie, dont les pas de danse font écho à la libération de la parole des victimes de violences sexuelles, tandis que des témoignages d’agression, de viol ou d’inceste sont lus par une voix off.

5000 témoignages

Une grande scène joyeuse de danse collective s’ensuit. « Après être sortie de mon silence, le 7 février 2024, j’ai créé une adresse e-mail pour pouvoir accueillir la parole de toutes celles et ceux qui m’écrivaient ’Moi aussi’. En 15 jours, j’ai reçu 5 000 témoignages », raconte Judith Godrèche à la fin du court-métrage.

Avant d’ajouter : « J’ai fait à toutes ces personnes la promesse d’un projet qui leur rende hommage. Le 23 mars 2024, 1 000 d’entre elles sont venues occuper cette avenue de Paris avec moi. » Elles sont venues de la France entière « et même d’Australie », précise la réalisatrice dans les notes de production.

Judith Godrèche a porté plainte en début d’année contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des viols et violences sexuelles ou physiques qui remonteraient à son adolescence. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris contre les deux réalisateurs, qui nient.

Ses prises de position ont entraîné un nouveau mouvement de libération de la parole dans le milieu du septième art, sept ans après la naissance de #MeToo à Hollywood. Et ce mois-ci, l’Assemblée nationale a approuvé la création d’une commission d’enquête sur les « abus et violences » dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité, donnant corps à une demande de l’actrice.

Moi aussi, bientôt en accès libre

Avec son court-métrage, elle entend donner une autre portée aux témoignages qu’elle a reçus. « Avec leur autorisation, ils seraient utilisés par bribes de phrases, mais jamais attribués nominativement, continue l’actrice. Si les femmes voulaient être présentes et ne pas être filmées, elles pouvaient venir malgré tout. »

La scène finale l’illustre bien. Dans ce plan-séquence où l’on voit avancer la foule en silence, certaines marcheuses sont floues. D’autres sont nettes. « Beaucoup de personnes qui ont fait le choix d’apparaître dans le film ont été traversées par de nombreuses émotions contradictoires sur le chemin, poursuit Judith Godrèche. Des moments de panique où elles se demandaient si elles pouvaient se présenter en plein jour dans un espace où chaque personne en présence avait été victime d’un viol ou d’une agression. »

La marée humaine qu’elles composent impressionne. « Dans ce dernier plan, je voulais que les victimes filmées s’emparent du film, que la caméra les regarde en ayant presque un peu peur face à cette foule compacte qui avance, la déborde », souffle la star du cinéma français. Ce mercredi, la vague inonde la Croisette, avant d’arriver en accès libre sur France.tv le 25 mai.

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