À Cannes, « Sirât » embarque les spectateurs dans un voyage en enfer psychédélique
FESTIVAL DE CANNES – Un moment hors du temps. Pour sa première sélection en compétition, Óliver Laxe a fait fort. Le réalisateur a présenté le jeudi 16 mai au 78e Festival de Cannes Sirât, un road trip mystique au cœur du désert marocain dans lequel s’embarque un père de famille, aux côtés d’une bande de raveurs. On l’a vu, et on s’est laissé emporter, nous aussi, dans ce voyage au bout de l’enfer.
En 2019, Óliver Laxe avait obtenu le prix du jury d’Un Certain Regard lors du Festival de Cannes avec son film Viendra le Feu. C’est en compétition officielle qu’il paraît cette année. Dans Sirât, le réalisateur nous emmène au Maroc. Luis, un père de famille incarné par le fabuleux Sergi López, cherche éperdument sa fille disparue, Mar, dans une rave party.
Lorsqu’un groupe de raveurs lui parlent d’une autre fête plus au sud, il décide de les suivre à bord de sa petite voiture, avec son fils Esteban et leur chienne Pipa. Commence alors un voyage presque chamanique et humain pour Luis, Esteban mais aussi leurs compagnons de route Stefi, Jade, Bigui, Josh et Tonin.
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Au fil des kilomètres de macadam, mais surtout de cailloux et de pierres avalés par les deux camions et le minivan, les voyageurs se retrouvent totalement isolés. Loin derrière les montagnes c’est « la 3e Guerre mondiale », mais nous n’en saurons pas plus. Et ce n’est pas nécessaire.
L’expérience mystique Sirât
Car Sirât n’est pas un film de science-fiction ou un survival movie apocalyptique façon Mad Max comme les gros camions pourraient le laisser penser. Ce n’est pas non plus un road-trip contemplatif façon Into The Wild. C’est une expérience mystique. Une expérience que va vivre Luis malgré lui, mais aussi la salle. Pour ce faire, Óliver Laxe tire sur plusieurs ficelles simultanément.
Les décors sont à couper le souffle : les longues étendues désertiques et leur palette de beige, de blanc, de gris et d’orange ainsi que les montagnes et leurs routes tortueuses qui surplombent la vallée apaisent autant qu’elles oppressent. La musique est entêtante. Un son brut presque tribal composé par le DJ français Kangding Ray, qui nous met parfois en transe, pour mieux nous tenir en apnée quelques minutes plus tard.
Le rythme du récit alterne les séquences de voyage avec les moments d’échanges et d’introspection via certains thèmes récurrents, et notamment celui de la famille. Les dialogues sont rares, jamais vains, et dans un mélange d’espagnol, d’anglais, de français et d’arabe universel. La consommation de drogues est illustrée et évoquée, sans jugement, presque banalisée.
Vogage au bout de l’enfer
Mais ce n’est pas un parcours de santé, ni pour Luis et Esteban, ni pour les cinq raveurs pourtant habitués à la vie rude de marginaux à bord de leur camion. C’est un voyage en enfer qui ne les épargnera pas. Difficile de ne pas penser au mythe d’Orphée en suivant l’odyssée de Luis. Impossible d’écarter la signification profondément spirituelle de leur parcours. Le titre du film lui-même, y fait référence. Le Sirât dans le Coran est un pont suspendu au-dessus de l’enfer et qui conduit (en principe) au paradis.
Sirât ne fera pas l’unanimité auprès des spectateurs à sa sortie en salle le 2 septembre. Il faut accepter d’y entrer sans savoir où il va nous mener. C’est peut-être à cela que sert la longue scène d’introduction dans laquelle on voit les personnages presque en transe danser au milieu du désert sur de la hard techno. À nous inviter nous aussi, à lâcher prise. Sans quoi, c’est un voyage qui risque, à certains, de paraître bien long et désagréable.
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