Culture

Accusé d’avoir repris à son compte l’histoire d’une femme, Kamel Daoud se défend

LITTÉRATURE – Kamel Daoud se défend. L’histoire de l’Algérienne qui a porté plainte contre l’écrivain pour avoir utilisé des éléments de sa vie privée était « publique », a martelé le lauréat du prix Goncourt 2024 pour son dernier roman Houris, ce mercredi 11 décembre, sur France Inter.

Après avoir reçu le prestigieux prix littéraire début novembre, le Franco-Algérien a été dénoncé par une femme qui clame qu’il a utilisé son histoire dans ce roman. « Tout le monde connaît son histoire en Algérie, et surtout à Oran. C’est une histoire publique », a insisté Kamel Daoud sur la radio publique. Avant d’ajouter : « La mère adoptive de cette jeune femme est l’ex-ministre de la Santé algérienne. Elle a raconté son histoire partout. » Un passage à retrouver dans la vidéo ci-dessous, à partir de 12 minutes.

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Cette plaignante, Saâda Arbane, est apparue sur la chaîne algérienne One TV mi-novembre pour affirmer que l’héroïne de Houris était calquée sur elle, rescapée en 1999 d’une tentative d’égorgement perpétrée par des jihadistes. Elle précisait que Kamel Daoud connaissait sa vie parce que sa femme psychiatre l’avait eue comme patiente. « J’allais chez elle en consultation », et « tout le monde sait que je ne veux pas parler de cette histoire. C’est quelque chose qui me perturbe dans ma vie », expliquait-elle en interview.

« Le fait qu’elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé, je n’y peux rien, a poursuivi l’écrivain. Mon roman n’a rien à voir avec cette femme-là. (…) Il n’y a aucun secret médical dans ce livre. »

Kamel Daoud visé par une autre plainte

Interrogé pour savoir si la plaignante était « manipulée par le régime », il a répondu : « Ah mais totalement. » « Je savais que ça allait venir. Je savais que je ne pouvais pas échapper à ça », a-t-il dit à ce sujet, car après la parution du roman en août, « dès la première semaine, il y avait des éditos dans les journaux gouvernementaux, qui parlaient de complot, de cheval de Troie. »

Kamel Daoud est visé par une autre plainte d’associations de victimes du terrorisme. « C’est la même méthode », a commenté le romancier. « Qu’est-ce qu’on me reproche à moi, un homme qui écrit des fictions ? De défendre les femmes ? Je l’assume. De défendre la liberté ? Je l’assume. De dénoncer l’islamisme ? Je l’assume, poursuit-il, toujours chez France Inter. Est-ce que ça fait de moi un diable ? Je serai le diable. »

Houris ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d’une loi interdisant tout ouvrage sur la « décennie noire », la guerre civile algérienne entre 1992 et 2002, qui a fait au moins 200 000 morts, selon des chiffres officiels.

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