Avant sa mort, Nicole Croisille avait choisi l’euthanasie en Belgique
CULTURE – Un choix qui vient directement s’inscrire dans les récents débats sur le droit à l’aide à mourir. Nicole Croisille, décédée le 4 juin à Paris des suites d’un cancer, à 88 ans, avait choisi l’« euthanasie » en Belgique à cette même date, selon le magazine Elle en kiosque ce jeudi 12 juin, qui publie une dernière interview avec la chanteuse.
« Je ne veux pas devenir dépendante, encore moins être un poids. Si j’ai un message à faire passer, un mot qui me tient à cœur, c’est celui-ci : la compassion. La dignité n’a pas d’âge. Elle ne disparaît pas parce qu’on est pauvre, différent, ou qu’on est vieux », explique Nicole Croisille dans cet entretien.
L’artiste est décédée dans la nuit du 3 au 4 juin, « non pas au CHR de Namur, comme prévu, mais dans une clinique parisienne où elle a été hospitalisée d’urgence le 1er juin, son état s’étant considérablement aggravé », raconte le magazine. « Ultime hasard du calendrier ? Sur son agenda, au 4 juin, était écrit “Le grand départ”. »
« Pourquoi continuer à souffrir ? »
Selon Elle, la chanteuse avait accepté de livrer les raisons de son choix « à la seule condition de ne pas publier cet entretien avant sa mort “pour ne pas attirer d’ennui à l’équipe belge qui (la) pren(ait) en charge” ».
Elle raconte qu’après la découverte d’une tumeur au foie, dont une grande partie lui avait été enlevée, et suite à une chimiothérapie de consolidation qui l’a « détruite », elle a rechuté. Après nombre d’essais de traitements de plus en plus agressifs et des mois de combat sans espoir de guérison, elle a dit : « ça suffit ». « Pourquoi continuer à souffrir ? », s’interroge-t-elle devant l’incompréhension d’un « copain qu’elle adore ».
Elle assure aussi qu’elle pense « depuis des années » au suicide assisté. « Il s’est trouvé qu’en Belgique, c’était possible. En France, ça n’était envisageable que si un médecin s’engageait à m’aider en secret », déplore-t-elle. Nicole Croisille « n’a pas cherché ce médecin » mais a rencontré, sur les conseils de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), l’équipe du CHR de Namur, des gens « extraordinaires », ajoute-t-elle.
Cette décision de la chanteuse résonne pleinement avec les débats récents au Parlement. L’Assemblée nationale a approuvé le 27 mai dernier la proposition de loi relative « au droit à l’aide à mourir », consistant à « autoriser et à accompagner » un malade qui le souhaite à s’administrer une substance létale, ou à se la faire administrer s’il n’est « pas en mesure physiquement d’y procéder ». Le texte qui doit désormais être examiné au Sénat à l’automne 2025.