Culture

Aya Nakamura répond aux haters dès les premières phrases de son nouvel album

Difficile de ne pas faire le rapprochement. Ce vendredi 21 novembre, c’est l’un des évènements rap de l’année : la sortie de Destinée, le nouvel album d’Aya Nakamura qui compte 18 titres inédits. La première chanson, intitulée Anesthésie, est l’une des plus intimes de la chanteuse franco-malienne qui évoque sans les nommer les violentes attaques dont elle a été la cible.

« J’ai l’impression que c’est la première fois que je me livre autant », confie-t-elle au magazine Télérama, dont elle fait la couverture cette semaine. Et de fait, dès les premières secondes de ce nouvel album, la chanteuse se livre comme rarement. « Je m’en fous des gens, maintenant je fais ce que je veux / Je sais qui je suis, donc moi je fais ce que je veux » entonne en préambule Aya Nakamura avec sa voix inimitable. Le refrain de la chanson est sur cette même ligne : « J’ai les sentiments anesthésiés / Plein de souvenirs à effacer / Par des moments qui m’ont traumatisée / Donc j’ai les sentiments anesthésiés / Donc j’ai les sentiments anesthésiés ».

Sans devoir trop plisser les yeux, on peut assez facilement deviner, entre les lignes des paroles de ce titre, ce à quoi fait référence Aya Nakamura. « Comment je pourrais oublier ? / J’ai pardonné mes douleurs coulent, coulent dans mes veines (dans mes veines) / (Moi) Moi j’ai jamais cherché la guerre / J’suis plutôt cool tu savais pas que j’étais la plus vorace (la plus vorace) », chante-t-elle.

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Comme l’explique au micro de franceinfo Ismaël Mereghetti, journaliste et auteur de Aya Nakamura, dictionnaire critique aux éditions JC Lattes, « ça nous montre bien qu’elle a été touchée par ces polémiques, elle qui avait l’habitude que tout glisse sur elle. Dans ce morceau, elle parle de traumatisme, de douleurs, et, sans mentionner ces polémiques, on sent que ça fait référence à ça ». Les polémiques en question concernent notamment les violentes critiques qu’elle a reçues avant et après sa prestation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris en juillet 2024.

Aya Nakamura vulnérable

Lorsque son nom avait été évoqué, la chanteuse avait été visée par des torrents de haine raciste sur les réseaux sociaux, mais pas seulement. Une banderole avait été déployée en plein Paris affichant « Ici c’est Paris, pas le marché de Bamako », un acte pour lequel 10 militants identitaires ont été condamnés à des amendes de 1 000 à 3 000 euros, pour « injure publique aggravée ».

La chanteuse a confié à Télérama que cette période avait été très difficile. « Au début, ça a été très dur de s’en prendre plein la tête. Afin de ne pas y penser, je me suis plongée à fond dans les répétitions avec les musiciens et les danseurs. Comme elle en entendait parler à l’école, j’ai beaucoup discuté avec ma fille aînée de 9 ans, qui est métisse — même si je n’ai pas attendu ça pour lui parler du racisme ».

Les commentaires critiques avaient aussi afflué après sa performance sur le Pont des Arts, en face de l’Académie française et avec la Garde républicaine. Aya Danioko de son vrai nom explique que cette période est encore présente dans son esprit : « D’un côté, je me dis que c’est le passé. De l’autre, je n’ai pas envie d’oublier : c’était comme si les convives s’engueulaient à mon propos à un repas de famille, sans tenir compte du fait que je suis là ».

Ces traumatismes ont en tout cas inspiré à la chanteuse l’un des titres les plus intimes de sa carrière. Si son exposition lors des JO de Paris a placé la chanteuse sous le feu des critiques, elle a aussi fait exploser sa popularité déjà conséquente. Aya Nakamura a désormais sa statue au musée Grévin à côté de Beyoncé, et elle a rempli en quelques minutes seulement les trois dates de concert qu’elle donnera au Stade de France du 29 au 31 mai 2026. Et ça, pour reprendre le titre de l’une des nouvelles chansons de ce 5e album, c’est plutôt « Bueno ».