Culture

Ce chiffre donne l’ampleur vertigineuse de la musique générée par IA

MUSIQUE – Nous sommes les patates, un titre viral généré par intelligence artificielle (IA), n’aura vraisemblablement pas de suite sur Deezer. Le patron de la plateforme de streaming a assuré mercredi 16 avril dans les colonnes de Ouest-France faire front contre les chansons créées par des IA, dont le chiffre vertigineux révèle toute l’ampleur du problème.

Ces dernières représentent « 18 % des créations, soit plus de 20 000 chansons sur les quelque 150 000 qui sont versées chaque jour », indique Alexis Lanternier au quotidien régional. Avant de préciser : « C’est exponentiel. En deux mois, ce chiffre a presque doublé, et il n’y a aucune raison que ça s’arrête tellement les outils sont faciles d’utilisation. Ça va continuer. »

Comme les autres géants du secteur, Deezer est confronté à la mise en ligne d’une avalanche de tels morceaux, ce qui l’a poussé à déployer au mois de janvier « un outil avancé de détection musicale par IA », comme le groupe l’a précédemment détaillé à l’AFP. À cette époque, « près de 10 000 titres entièrement générés par IA [étaient] ajoutés quotidiennement à la plateforme, soit environ 10 % des nouveaux contenus mis en ligne chaque jour ».

Deezer fait le ménage, pas Spotify

Pas question de les laisser proliférer. « Nous les signalons clairement à l’utilisateur, en IA Generated, afin qu’il sache que ledit titre est produit par une IA générative et nous les sortons de nos algorithmes pour qu’ils ne remontent pas », renseigne Alexis Lanternier auprès de Ouest-France. Seules quelques rares exceptions très écoutées, comme le morceau cité plus haut, ont droit d’asile.

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Le reste, c’est dehors. Et pour cause, la plupart de ces morceaux − montés de A à Z par des programmes comme Suno et Udio à partir de paroles proposées par un utilisateur − polluent non seulement le catalogue, mais sont aussi un moyen pour des fraudeurs de générer des écoutes pour récupérer des royalties.

Un point sur lequel Deezer dit vouloir légiférer « pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits »… contrairement à son principal concurrent, Spotify. Alors même que les faux artistes, comme le groupe Jet Fuel & Ginger Ales, se multiplient sur le service de streaming, son coprésident Gustav Soderstrom a déclaré ne pas vouloir leur faire la guerre.

Selon lui, l’IA « amplifie la créativité », pour reprendre ses mots dans le podcast du journaliste américain Alex Kantrowitz. Il estime que cette technologie est un « outil » et qu’elle « permet à de plus en plus de personnes d’être créatives », sans qu’elles aient recours à plus de « compétences techniques ».

Les artistes vent debout contre l’IA

Le résultat produit par ces programmes peut faire sourire. Mais, comme à l’image d’une récente tendance visant à transformer des morceaux de rap en chansons franchouillardes, tout cela interroge, notamment en matière de droits d’auteur. Est-il vraiment acceptable de modifier la voix d’un artiste sans sa permission, puis d’en publier le résultat ?

Si la chanteuse Angèle s’est par le passé amusée de l’utilisation de sa voix pour les besoins d’une reprise générée par une IA, pour le morceau Saiyan de Heuss L’Enfoiré et Gazo (avant de la reprendre elle-même sur la scène de la Fête de l’Huma, en 2023), tout le monde ne semble pas aussi favorable qu’elle à cette nouvelle technologie.

En février, plusieurs grands noms de la musique, parmi lesquels Damon Albarn et Kate Bush, ont sorti un album composé entièrement de silence pour s’opposer à ce qu’ils considèrent comme un pillage de leurs œuvres. Billie Eilish, Doechii et un parterre d’autres stars avaient, elles, signé une lettre en 2024, dénonçant déjà « l’utilisation prédatrice de leurs voix » par ces IA.

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