Ce film primé à Cannes sort enfin au ciné, et c’est notre plus gros coup de cœur de 2025
CINÉMA – Il y a des films qui resteront gravés à jamais dans notre mémoire. La Petite Dernière fait partie de ceux-là. La réalisatrice Hafsia Herzi est de retour en salle ce mercredi 22 octobre avec un « coming of age movie » adapté du roman autobiographique de Fatima Daas sorti en 2020. Il suit le destin d’une jeune femme musulmane pieuse, mais aussi -ce que tout le monde ignore- lesbienne. C’est un film à la fois bouleversant et lumineux qui nous a laissés bouche bée.
Présenté à Cannes, La Petite Dernière, est l’un des énormes coups de cœur que nous avons eus au festival où il était en compétition. Le film n’est d’ailleurs pas reparti les mains vides de la cérémonie de clôture. Nadia Melliti a remporté le prix d’interprétation féminine face à des « pointures » comme Jennifer Lawrence.
Le film se concentre sur Fatima, la benjamine d’une famille d’origine algérienne installée en banlieue parisienne. Brillante lycéenne puis étudiante en philo, elle est soutenue par des parents aimants et entourée d’une bande de potes protecteurs.
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Dans le lycée qu’elle fréquente, ceux qui assument leur homosexualité sont moqués. Lorsqu’un camarade suggère devant toute la classe que Fatima, avec ses vêtements de « garçon » et son attitude « de bonhomme » est « gouine » , elle perd le contrôle. Personne – ni ses parents, ses sœurs ou même son petit ami de façade, qui évoquent tous « un futur mari » – ne doit savoir. Car la jeune femme a un secret, elle aime les filles, qu’elle retrouve le soir dans Paris grâce à une appli de rencontre.
Portrait d’une jeune femme en feu
La Petite Dernière suit les premiers émois sensuels et amoureux de Fatima, qui découvre le plaisir charnel, mais aussi la souffrance d’un cœur brisé. Après les premiers questionnements, Fatima expérimente et apprend à se connaître elle-même. Les scènes d’amour sont filmées avec une sensualité et une sensibilité rares par Hafsia Herzi. Mais également avec une pudeur qui fait écho à celle de l’héroïne.
Les baisers passionnés et les caresses que reçoit et distribue Fatima viennent illustrer l’éclosion de la jeune femme. Elle s’ouvre au contact de la douce Ji Na qui l’accompagne à sa première marche des fiertés. Puis un peu plus encore avec Cassandra qui l’emmène dans des boîtes lesbiennes et lui fait découvrir l’amour à trois. « Je sais ce que c’est de pas s’assumer, de pas être bien dans sa peau, mais à un moment, il faut vivre non ? », lui glisse-t-elle en soirée sur un coin de canapé.
Un film sur l’émancipation et la foi
La Petite Dernière est aussi un film sur le besoin d’émancipation. Car la jeune femme se referme lorsqu’elle rentre en banlieue chez ses parents. Fatima est, comme eux, musulmane pratiquante et ne peut envisager de leur dire la vérité, malgré leur bienveillance. Le film vient ainsi interroger ce conflit intérieur violent que Fatima ressent entre sa foi et son attirance pour les femmes. « Une pratique prohibée depuis toujours et dans toutes les religions » lui assure l’imam qu’elle va interroger « pour une amie ».
Nadia Melliti est totalement bluffante dans ce premier rôle au cinéma. Tantôt lumineuse et solaire, tantôt bouleversante dans son mal-être, l’actrice porte le film sur ses épaules, soutenue par une farandole de comédiens très justes, à commencer par Ji-Min Park (Ji Na) et Mouna Soualem (Cassandra). Quatre ans après Bonne Mère, Hafsia Herzi signe avec La Petite Dernière l’un des films les plus beaux et les plus émouvants de l’année, une pépite que nous ne sommes pas près d’oublier. Et on parie qu’une fois que vous l’aurez vu, vous non plus.



