Ce film retrace l’interview choc sur Epstein qui a entraîné la chute du Prince Andrew
FILM – « Désastreuse », « catastrophique », un véritable « crash ». L’interview du prince Andrew sur l’affaire Epstein en 2019 a eu l’effet d’un raz-de-marée, coûtant au Duc d’York ses titres militaires et de noblesse. Cinq ans après sa diffusion, elle fait l’objet d’un film avec Gillian Anderson, sorti ce vendredi 5 avril sur Netflix. Scoop revient sur les coulisses de l’interview qui a signé la chute du prince, et l’heure de gloire de la BBC.
Comment la chaîne britannique a-t-elle obtenu près d’une heure d’échanges sur le sujet dont il avait jusqu’alors refusé de parler ? Et comment une interview approuvée par la reine d’Angleterre a-t-elle pu se transformer en un tel fiasco médiatique ? Le film de Philip Martin montre les rouages de la rédaction de Newsnight aussi bien que ceux de Buckingham Palace.
Présentée par Netflix comme « une fiction inspirée de faits réels », Scoop est l’adaptation à l’écran de Scoops, le livre autobiographique de Sam McAlister, celle qui a obtenu la précieuse interview. Pas étonnant donc que l’ancienne chargée de production de l’émission Newsnight, jouée par Billie Piper, soit le personnage central du film. Après avoir campé Margaret Thatcher dans The Crown, Gillian Anderson interprète, elle, la journaliste et présentatrice Emily Maitlis, face à Rufus Sewell en prince Andrew.
Le prince Andrew et l’affaire Epstein
Scoop démarre par un flash-back essentiel. En décembre 2010, le Duc d’York est photographié à New York aux côtés de Jeffrey Epstein. À l’époque, l’homme d’affaires est déjà un criminel sexuel avéré, condamné en juin 2008 à dix-huit mois de prison (et libéré au bout de treize) pour incitation à la prostitution de mineures. Le cliché de leur balade à Central Park fait la une du tabloïd News of the world avec le titre « Prince Andy et le pédophile ». La photo continuera d’entacher la réputation du « fils préféré » d’Élizabeth II longtemps après sa publication.
En plus de son amitié problématique, il est accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec l’une des victimes du trafic de Jeffrey Epstein alors qu’elle était mineure. Virginia Roberts Giuffre affirme avoir été « offerte » au prince Andrew à trois reprises. En 2019, quelques mois avant la fameuse interview, Jeffrey Epstein est de nouveau arrêté et inculpé pour « exploitation sexuelle et conspiration liée à une exploitation sexuelle ». Alors qu’il risque 45 ans d’emprisonnement, il se suicide en prison le 10 août. Le prince Andrew ne peut plus garder le silence sur ce scandale.
Malgré les mises en garde de son nouveau chargé de communication, embauché pour taire l’affaire, il finit par accepter l’interview de Newsnight, qui se négocie en coulisses depuis plusieurs mois.
Une interview aussi historique que catastrophique
Enregistré le 14 novembre 2019 à Buckingham Palace, et diffusé le 16 novembre sur la BBC, l’entretien avec Emily Maitlis a été l’occasion pour le prince Andrew de s’expliquer sur ses liens avec Jeffrey Epstein et les accusations de Virginia Roberts Giuffre. La ressemblance entre la véritable interview de 49 minutes et sa mise en scène raccourcie dans le film est déconcertante.
Yeux dans les yeux, Emily Maitlis lui énumère les accusations à son encontre. Elle reste factuelle et lui laisse la place de s’exprimer sans l’interrompre. Et cette tactique fonctionne : le prince Andrew ne s’arrête plus de parler et creuse sa propre tombe, réponse après réponse. Il affirme ne pas regretter son amitié avec Jeffrey Epstein, qui lui a apporté de « formidables opportunités ». Il nie catégoriquement avoir déjà rencontré Virginia Roberts Giuffre, allant jusqu’à expliquer qu’elle ne peut pas l’avoir vu « danser et transpirer » en boîte de nuit à Londres car il « ne transpire plus » depuis sa carrière de pilote d’hélicoptère dans l’armée britannique.
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Le prince Andrew n’a aucun mot pour les victimes présumées de Jeffrey Epstein et ne semble pas saisir la gravité de la situation. Lorsque l’interview se termine, il semble persuadé qu’elle s’est bien déroulée. Le reste est devenu historique. Quelques jours après la diffusion, Buckingham Palace annonce que le Duc d’York se retire de ses engagements publics. Virginia Roberts Giuffre portera officiellement plainte contre lui en 2021 pour agression sexuelle. Le prince Andrew trouvera un accord financier l’année suivante pour s’éviter un procès.
« Scoop », une histoire de femmes
La force de Scoop est de mettre en lumière les travailleurs de l’ombre sans qui cette interview n’aurait jamais eu lieu. Sam McAlister, évidemment, mais aussi Amanda Thirsk, la secrétaire privée du prince Andrew qui l’a poussé à donner cette interview, pensant aider son image, ou encore le paparazzi Jae Donnelly (interprété par Connor Swindells de Sex Education) à qui l’on doit la photo de Central Park.
Le personnage de Sam McAlister montre la mission ô combien essentielle, et pourtant peu gratifiante, de « booker », la personne en charge de trouver des invités à faire venir sur les plateaux télé. Scoop raconte aussi les aspects moins glamours de la vie d’une rédaction, comme les coupes budgétaires et les licenciements. Et Emily Maitlis n’est pas seulement présentée comme une star de la télé, le film souligne son travail de préparation acharné avec la rédactrice en chef de Newsnight, Esme Wren.
Même si le film est mené par l’histoire personnelle de Sam McAlister, il finit par laisser la place au travail collectif. Une autre adaptation, la mini-série A Very Royal Scandal, est en cours de production par Amazon MGM Studios. Cette fois, c’est la journaliste Emily Maitlis qui coproduit et sera sans doute à son tour le personnage principal de cette histoire vraie. Une chose est sûre : le prince Andrew n’aura toujours pas le beau rôle.
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