Culture

Ce qu’on sait des accusations de viol contre P. Diddy, qui doit comparaître ce mercredi

JUSTICE – Sean Combs va-t-il rester en détention provisoire ? Ce mercredi 9 octobre, le célèbre rappeur américain, visé par une dizaine de plaintes pour agressions sexuelles, doit comparaître de nouveau devant le tribunal afin de savoir si oui, ou non, il va rester en prison jusqu’à son procès, dont la date n’a pas encore été fixée.

« Je ne le laisserai pas rester dans cette prison un jour de plus », a déclaré à la presse son avocat, Me Agnifilo, dans le courant du mois de septembre. La justice accuse son client d’avoir utilisé son empire musical pour violer ou agresser sexuellement ses victimes. L’acte d’accusation le décrit notamment comme un prédateur sexuel violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir leur soumission.

La multiplication des témoignages et des plaintes, depuis celle déposée (puis retirée) par son ex-femme (la chanteuse de R & B Cassie), ont conduit à l’arrestation de Sean Combs à la mi-septembre dans un hôtel de Manhattan. Pour mieux comprendre cette affaire médiatisée, Le HuffPost fait le point ci-dessous.

· La plainte de Cassie

Les premiers soupçons d’agressions sexuelles contre le rappeur, également connu sous les noms de Puff Daddy, P. Diddy ou plus récemment de Brother Love, remontent aux débuts de son ascension dans les années 1990 mais c’est son ex-compagne, la chanteuse de R & B Cassie, qui a été la première à briser le silence à la mi-novembre.

Dans une plainte déposée au civil, elle l’accuse d’un viol en 2018 et dénonce une décennie de « comportement violent » et d’« exigences déviantes » de sa part, comme des relations sexuelles avec des travailleurs du sexe. Cette affaire s’est résolue, moins de 24 heures après le dépôt de la plainte, par un arrangement financier et un accord confidentiel.

· Les autres accusations

Depuis, dix plaintes ont été déposées contre P. Diddy. Une ancienne actrice de films X, Adria English, l’accuse notamment de s’être servi d’elle « comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes », entre 2004 et 2009. Une autre femme affirme avoir été violée collectivement par le rappeur et deux autres hommes lorsqu’elle avait 17 ans.

Quant au producteur de musique Lil Rod, il l’accuse de harcèlement et d’attouchement sexuels. Le rappeur l’aurait forcé en juillet 2023 à faire appel à « des travailleuses du sexe » et à « se livrer à des actes sexuels pour [son] plaisir » lorsqu’ils vivaient ensemble et travaillaient sur le nouvel album de l’artiste.

Plus récemment, une femme du nom de Thalia Graves est sortie du silence, pour porter plainte à son tour contre le rappeur qu’elle accuse de l’avoir « violée avec brutalité » en 2001 dans les studios de sa maison de production Bad Boy Records, à New York, avec l’aide d’un complice.

Daprès sa plainte, elle aurait été droguée et ligotée par ses deux agresseurs. Lesquels auraient enregistré la scène dans une vidéo, avant de la faire circuler. « Je suis heureuse qu’il soit enfermé, mais ce n’est qu’un soulagement temporaire », a déclaré la plaignante lors d’une conférence de presse depuis le cabinet de son avocate à Los Angeles.

· La vidéo de l’InterContinental

Dans la presse, des éléments sordides ont éclaté au grand jour. Au mois de mai dernier, la chaîne américaine CNN a dévoilé et diffusé un montage d’images de vidéosurveillance où l’on peut voir Puff Daddy rouer de coups Cassie dans un couloir de l’hôtel InterContinental de Los Angeles.

Des images en date de 2016, liées à la plainte au civil déposée par son ex-compagne, qui « ne font que confirmer le comportement de prédateur de M. Combs », a ainsi dénoncé l’avocat de la chanteuse, Douglas Wigdor. Le principal concerné a dit, lui, assumer « l’entière responsabilité de [ses] actes dans cette vidéo », reconnaissant avoir eu un comportement « inadmissible ».

· L’enquête fédérale et la réponse de P. Diddy

La star du hip-hop est également sous le coup d’une enquête fédérale pour des faits de traite d’êtres humains et d’exploitations sexuelles. Ses domiciles avaient ainsi fait l’objet de perquisitions en Californie et en Floride, mais il s’est toujours défendu de ces accusations, qualifiées d’ailleurs d’« allégations écœurantes » émanant de personnes cherchant à se faire de l’argent facile.

L’avocat de P. Diddy a quant à lui évoqué une « chasse aux sorcières » avec une « surutilisation flagrante de la force militaire » lors des perquisitions aux domiciles de son client.

· L’arrestation

Il n’empêche. Le mardi 17 septembre, le producteur a été arrêté par la police à Manhattan. « Pendant des décennies », Sean Combs, alias « Puff Daddy », « a abusé, menacé et contraint des femmes et d’autres autour de lui à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et dissimuler ses actes », accuse l’acte d’inculpation.

Le procureur fédéral Damian Williams a décrit un système fondé sur la « violence » pour contraindre les femmes à avoir de « longues relations sexuelles avec des travailleurs du sexe », des scènes qu’il « enregistrait » et pendant lesquelles les victimes prenaient des substances comme de l’ecstasy, du GHB ou de la kétamine.

Ledit acte d’inculpation précise que le rappeur s’appuyait sur ses employés, « les ressources et l’influence de l’empire commercial multifacettes qu’il dirigeait et contrôlait pour créer une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés (…) au trafic à des fins d’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’enlèvement, à l’obstruction de la justice ».

· Plus de 100 témoignages supplémentaires

Après l’arrestation de Sean Combs à New York, le cabinet d’un avocat new-yorkais du nom de Tony Buzbee a mis en place une ligne d’écoute téléphonique. Les résultats sont sidérants : « plus de 3 285 personnes » ont appelé en se disant victimes ou témoins d’une agression de la part de l’ex-nabab du hip-hop.

Si 120 victimes ont été identifiées, les équipes impliquées continuent de travailler « sur plus de 100 autres cas » qui pourraient tenir devant la justice, a expliqué l’avocat Andrew Van Arsdale. « Je dirais que dans 90 % des cas, ces individus ont été drogués » avant d’être agressés, a ajouté Tony Buzbee.

Certaines victimes, mineures à l’époque des faits, étaient parfois très jeunes, selon l’avocat, qui a pris en exemple le cas d’un garçon âgé de neuf ans lorsqu’il a auditionné pour le label de P. Diddy, Bad Boy Records.

· L’incarcération

Malgré une proposition de 50 millions de dollars, soit la valeur d’une de ses résidences à Miami, le juge Andrew Carter a rejeté l’appel des avocats de l’artiste pour qu’il remette en cause sa détention provisoire. Le rappeur et puissant producteur reste en prison à la suite de son incarcération, dans l’attente d’un procès.

Celui qui s’efforçait de redorer son blason ces dernières années avec un nouveau surnom, Brother Love, a amassé une fortune considérable en plus de trois décennies dans le milieu de la musique avec une image bling-bling, exhibant diamants, yachts et costumes sur mesure. Il a fait l’objet d’allégations de violences dès les années 1990, bien qu’aucune condamnation majeure n’ait jamais été prononcée contre lui.

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