Culture

Ce roman dans l’enfer des violences conjugales remporte le prix Femina 2025

LITTÉRATURE – Le destin de trois femmes prises dans la spirale des violences masculines récompensé. À la veille de la remise des prix Goncourt et Renaudot et deux jours avant le prix Médicis un autre grand prix de la saison des récompenses littéraires a été décerné à l’autrice Nathacha Appanah ce lundi 3 novembre.

Lauréate du prix Femina 2025 décerné au musée Carnavalet-Histoire de Paris, la romancière de 52 ans succède à l’auteur franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy et son livre Le Rêve du Jaguar. Choisie à l’issue d’un second tour des votes, Nathacha Appanah a finalement convaincu ce jury exclusivement féminin et composé de 12 membres avec son douzième roman, La Nuit au cœur, paru le 21 août dernier aux Éditions Gallimard.

Son ouvrage, également en lice pour les prix Goncourt et Renaudot 2025 devance ainsi quatre autres romans français qui figuraient dans la dernière sélection du prix Femina : Au Grand Jamais (Gallimard) de Jakuta Alikavazovic, Un Mal irréparable (Mialet-Barrault) de Lionel Duroy, Le Monde est fatigué (Finitude) de Joseph Incardona, et La Maison vide (Minuit) de Laurent Mauvignier.

Le jury a par ailleurs décerné le prix Femina du roman étranger à l’écrivain irlandais John Boyne pour Les Éléments (Lattès), un ouvrage déjà salué par le prix du Roman Fnac 2025. Quant au prix Femina de l’essai, il a récompensé le journaliste et écrivain français Marc Weitzmann pour La Part sauvage (Grasset), qui célèbre le romancier américain Philip Roth.

Introspection sur la violence masculine

Dans La Nuit au cœur, l’autrice derrière Tropique de la violence revient cette fois sur le destin de trois femmes − dont elle-même − avec une enquête mêlant sa propre expérience de la violence masculine aux destins tragiques de deux autres femmes victimes de féminicides conjugaux.

Elle part pour cela de sa propre expérience d’emprise entre 17 et 25 ans avec un premier amour violent et dominateur, pour revenir ensuite sur la mort de Chahinez Daoud en 2021, brûlée vive par son mari en pleine rue et celle de sa propre cousine, tuée en 2000 par son compagnon sur l’île Maurice, le récit mêle introspection et décryptage profond du phénomène d’emprise.

Comme l’explique franceinfo, l’autrice raconte sans détour l’isolement et la lente « domestication » psychologique de son ancien compagnon pour mieux revenir sur les histoires de ces deux autres femmes qui n’auront pas eu la chance de sortir de cette spirale de violence.

Et pour mettre en lumière les destins brisés de ces deux autres femmes, Nathacha Appanah prend soin de donner la parole à leurs proches. Une manière de « partir à la quête des mortes comme si elles étaient vivantes », explique-t-elle. Mais tout en prenant soin de confronter ces différentes histoires à la réalité du monde. Pour ce faire, elle « s’efforce aussi de démontrer toute la complexité de situations qu’elle apparente à “un terrorisme intime”, démontant cette idée répandue qu’il aurait simplement fallu partir ». Tout en révélant les défaillances policières et de la justice qui portent aussi une responsabilité dans ces féminicides.