Culture

Dans ce film haletant, le conflit israélo-iranien se joue aussi sur le « Tatami »

CINÉMA – Au lendemain des Jeux Olympiques, et alors que l’escalade du conflit armé entre l’Iran et Israël se poursuit, un film rappelle que le sport peut rassembler les nations, comme cristalliser les tensions. Tatami, sorti au cinéma ce mercredi 4 septembre est plus que jamais d’actualité.

Co réalisé par Guy Nattiv, Israélien résidant aux États-Unis, et Zar Amir Ebrahimi, Iranienne réfugiée en France, le long-métrage est une collaboration singulière, inspirée de plusieurs histoires vraies. Dans ce presque huis clos en noir et blanc, la judokate Leila Hosseini et son entraîneuse Maryam, ancienne championne nationale, se trouvent à Tbilissi en Géorgie pour les championnats du monde de judo.

Au fur et à mesure que la compétition avance, l’athlète monte dans le classement. Son entraîneuse reçoit alors un ordre direct de la république islamique d’Iran : Leila doit simuler une blessure et abandonner, pour ne pas risquer d’affronter la judokate israélienne sur le tatami. Alors que Maryam tente d’obéir, son élève refuse de se plier au Guide suprême. Chaque combat la rapprochant de la finale devient alors un combat pour sa vie.

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L’actrice américaine Arienne Mandi, d’origine iranienne, livre une performance à couper le souffle dans la peau de Leila, prête à tout pour la médaille et sa liberté. Face à elle, Zar Amir Ebrahimi brille dans le rôle complexe de la coach, après avoir reçu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2022 pour Les Nuits de Mashhad, et fait ici ses premiers pas en tant que réalisatrice.

Le conflit Iran-Israël à l’écran

Le scénario repose sur des faits plus actuels que jamais. Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran ne reconnaît pas l’État d’Israël et soutient la cause palestinienne. Les pays sont ennemis depuis des décennies. En avril 2024, des frappes meurtrières menées par l’Iran et par Israël, qualifiées par chacun de « représailles », ont relancé les tensions. Depuis l’assassinat du chef du Hamas le 31 juillet dernier à Téhéran, que l’Iran attribue à Israël, une guerre menace aujourd’hui d’éclater.

Même à des kilomètres des deux États, lors des compétitions sportives, le régime iranien s’est toujours employé à empêcher toute rencontre entre ses athlètes et les Israéliens. Quelques jours avant le coup d’envoi de Paris 2024, l’Iran avait ainsi demandé qu’Israël soit banni des Jeux Olympiques, suite à la guerre avec le Hamas à Gaza.

La judokate de Tatami n’est qu’un exemple fictif de récits personnels bien réels. « L’histoire que nous avons choisi de raconter dans ce film est celle de trop nombreux artistes et sportifs qui ont dû renoncer à leurs rêves, parfois contraints d’abandonner leur pays et leurs proches en raison d’un conflit entre une communauté et un gouvernement », expliquent Guy Nattiv et Zar Amir dans leur note d’intention.

La révolution des Iraniennes sur le tatami

À travers le sport et la détermination de Leila, ils racontent aussi la bravoure de milliers de personnes qui se lèvent face à leur gouvernement. Les courts flash-back, distillés habilement tout au long du film, sont une fenêtre sur l’Iran d’aujourd’hui. Dans un pays réprimé par le régime des Mollahs, les jeunes s’octroient de rares moments de liberté, en secret, et au péril de leur vie. À travers le personnage du mari de Leila, Tatami donne aussi à voir une génération d’hommes qui ne cautionnent pas la répression des droits des femmes dans leur pays.

Le dernier combat, pendant lequel une prise difficile laisse Leila suffocante, fait prendre une autre tournure au film : celle de la révolution des femmes en Iran, déclenchée par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. La sportive se libère du carcan dans lequel la république islamique enferme non seulement les sportifs, mais surtout les femmes.

La fin du film porte malgré tout un semblant d’espoir et s’inscrit, elle aussi, dans l’actualité de cet été. Lors des JO de Paris 2024, parmi les 37 athlètes de l’équipe olympique des réfugiés, 14 étaient d’origine iranienne. Et dans l’équipe paralympique actuellement en compétition à Paris, trois des huit athlètes réfugiés ont également fui l’Iran. Pour eux comme pour les héroïnes de Tatami, la résilience dépasse les frontières du sport.

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