Culture

Dans cette série sur le Bataclan, « on oublie un peu les vraies victimes » pour ce rescapé

SÉRIES TÉLÉ – Une série qui risque de ne pas plaire à tout le monde. Avec Une amie dévouée, Max a mis en ligne sa première création originale française vendredi 11 octobre. Cette adaptation du livre La mythomane du Bataclan d’Alexandre Kauffman s’inspire de l’histoire invraisemblable de Florence M., une femme qui s’est fait passer pour une survivante des attentats du 13 novembre 2015 et une proche de victimes pendant plus de deux ans. Raviver ce souvenir douloureux peut être contrariant pour ceux qui l’ont vécu.

Réalisée par Just Philippot (La Nuée, Acide), la mini-série de quatre épisodes s’offre deux acteurs césarisés. La première est Laure Calamy (Dix pour cent, Antoinette dans les Cévennes) qui joue Christelle, la fausse rescapée. Arieh Worthalter (Le Procès Goldman), le second, interprète Léon, le président de l’association qui a subi la machination de Christelle. Sont également présents au casting Annabelle Lengronne, Ava Baya, Alexis Manenti et Anne Benoit.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

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Olivier Laplaud, rescapé du Bataclan et vice-président de l’association de victimes Life for Paris (dans laquelle Florence M. était impliquée), a confié au HuffPost ce que lui et les victimes du 13 novembre éprouvent face à ce genre d’œuvre.

Le HuffPost : Quel est votre ressenti par rapport à Une amie dévouée ?

Olivier Laplaud : Je n’ai pas encore eu l’occasion de la voir, mais j’ai lu le livre d’Alexandre Kauffmann, qui est très bien. De plus, étant vice-président de l’association, j’ai vécu tout cela de l’intérieur. Certaines personnes concernées se disent que c’est un peu dommage qu’on se concentre sur une fausse victime. On oublie un petit peu les vraies (victimes) maintenant que le procès est terminé. Pour certains, c’est donc dur de voir une fausse victime portée à l’écran.

Malheureusement, avec les années, on est aussi obligé d’accepter qu’un tel événement nous échappe. Je peux tout à fait comprendre, avec le recul, que le sujet puisse intéresser parce que c’est assez fascinant quelque part de pousser le vice aussi loin. Si je n’avais pas été concerné par le 13 novembre, j’aurais sans doute trouvé ça absolument incroyable, dégueulasse mais incroyable quand même. L’essentiel est que Laure Calamy, qui est une actrice très populaire et très douée, ne fasse pas de cette arnaqueuse un personnage trop sympathique, malgré elle.

Quel regard portent les rescapés des attentats sur les œuvres qui traitent du 13-Novembre ?

C’est un peu délicat, pour moi. J’ai vu Novembre [film de Cédric Jimenez sorti en octobre 2022, ndlr] un peu à reculons, parce que j’avais peur que ça fasse remonter beaucoup de choses, car ce n’était pas longtemps après le procès. J’essaie de prendre du recul en général parce qu’on sait très bien que ce type d’événement, au bout d’un moment, ne peut plus nous appartenir. Mais c’est très subjectif. Parmi les victimes, il y en a qui n’acceptent pas que ces événements soient accaparés par la culture populaire, qui pensent qu’il y a de l’argent fait sur leur dos. D’autres prennent beaucoup de distance, les évitent complètement. D’autres auront à la fois la force et l’envie de voir ce qui est dit et fait. Certains enfin, ont cette chance de s’être suffisamment reconstruits pour regarder ces œuvres sans souci.

La question est de savoir quelle est la part de justesse dans ces œuvres. C’est là que nous, victimes ou associations de victimes, devons être vigilants afin que la vérité soit respectée. Et que l’histoire ne soit pas trop réécrite, pour faire plaisir à des producteurs.

Estimez-vous qu’il est encore trop tôt pour que des œuvres sur ce sujet sortent ?

Ce n’est jamais trop tôt ou trop tard. Nous avions demandé qu’un moratoire de cinq ans soit respecté afin que les victimes aient un peu de temps pour se reconstruire sans être tout de suite replongées dans cette horreur par l’intermédiaire de films ou de documentaires. Cela a été respecté.

On peut estimer qu’on a fait le tour du sujet, mais inévitablement, avec la commémoration des dix ans en 2025, il y aura de nouvelles choses qui sortiront. Cela dit, je pense qu’il est plus intéressant de découvrir des documentaires qui reviennent sur les événements et montrent leurs évolutions dans le temps, comme cela a été le cas avant le procès. Mais je trouverais vraiment intéressant qu’un film apporte un autre point de vue. Le film Un an, une nuit par exemple, adapté du livre de Ramon González, survivant du Bataclan, raconte la reconstruction ou l’absence de reconstruction chez les victimes. Je trouve cela plus intéressant. Et plus humain aussi.

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