Dans « Le Jeu de la Reine », Jude Law est aussi terrifiant que répugnant en roi Henri VIII
FESTIVAL DE CANNES – Ce n’est pas pour rien qu’il était surnommé Barbe-Bleue. Le roi Henri VIII a fait régner la terreur sur l’Angleterre des Tudors, mais surtout sur ses épouses. Parmi ses six femmes, il en fit décapiter deux, divorça de deux autres et l’une mourut en couche. Ne reste que Catherine Parr, sa dernière reine, et sujet du film Le Jeu de la reine, sorti au cinéma ce mercredi 28 février.
Le réalisateur brésilien Karim Aïnouz met en scène Alicia Vikander et Jude Law en couple royal dans un récit historique haletant. Catherine Parr est une femme intelligente et semble adoucir le roi tyrannique. Mais sa compassion pour son ami d’enfance, la martyre protestante Anne Askew, brûlée vive pour hérésie, va la mettre en danger.
Dès le début du film, connaissant le sort des épouses précédentes, une question se pose : va-t-elle survivre ou se faire exécuter par son mari ? Avant même d’apparaître à l’écran, l’ombre du roi plane et on s’imagine déjà le pire.
Jude Law en ogre convaincant
On découvre une Catherine Parr régente pendant trois mois, pendant qu’Henri VIII est en campagne en France. Alicia Vikander campe une reine d’Angleterre qui assume ses responsabilités avec conviction et a envie de faire évoluer le pays. Mais très vite, elle est reléguée au titre de conseillère, et doit se soumettre aux sautes d’humeur du roi.
Lorsqu’il revient de France plus tôt que prévu, la terreur dans les yeux de sa femme et la panique du personnel annoncent la couleur. Jude Law incarne un monarque diamétralement opposé aux représentations raffinées d’autres célèbres rois, comme le Louis XV incarné par Johnny Depp dans Jeanne du Barry.
Son Henri VIII est terrifiant et chacune de ses scènes a de quoi faire frissonner : il grogne, halète, rit de toutes ses dents de l’humiliation des autres. Son physique imposant et sa démarche lourde lui donnent une apparence d’ogre. Le charme habituel de l’acteur de The Holiday et The Young Pope a disparu.
Les historiens racontent que le roi était paranoïaque, et la folie dans les yeux de Jude Law le traduit à merveille. Même lorsqu’il semble affectueux avec sa femme, on tremble pour elle sur notre siège à l’affût du moment où le tyran explosera.
L’odeur de la terreur dans « Le Jeu de la Reine »
Et puis il y a le dégoût qu’il provoque. Henri VIII est malade, ses chevilles sont enflées et une ancienne blessure à sa jambe est infectée. Sans s’attarder dessus, Karim Aïnouz filme brièvement la plaie purulente et ça suffit pour que notre estomac se soulève.
Mais c’est surtout la réaction des autres personnages qui laisse imaginer l’odeur pestilentielle. Et les acteurs ne faisaient pas que jouer : sur le tournage, Jude Law s’est aspergé d’un parfum créé sur mesure sentant « sang, matières fécales et sueur ». Il a expliqué s’être inspiré de plusieurs histoires selon lesquelles la jambe pourrissante d’Henri VIII pouvait se sentir dans les pièces alentour.
Au fil du récit, l’état du roi se dégrade mais les chances de survie de Catherine Parr aussi. Même sur son lit de mort, son sort repose entre les mains putrides de Barbe-Bleue. Plus la tension monte, plus l’odeur semble suffocante et on se réjouit de ne pas avoir vu Le Jeu de la reine dans une salle de cinéma en 4DX. La fin, et le destin de Catherine Parr, sont déjà écrits… dans les livres d’Histoire.
À voir également sur Le HuffPost :