Derrière « Libre » de Mélanie Laurent, l’histoire vraie du « Arsène Lupin du braquage »
CINÉMA – Romans, BD et maintenant histoire vraie, Mélanie Laurent s’est souvent inspirée d’un matériau de base pour réaliser ses films. Libre, sa nouvelle adaptation disponible sur Prime Video ce vendredi 1er novembre, emprunte librement à la vie du célèbre braqueur Bruno Sulak.
Avec Lucas Bravo (Gabriel de Emily in Paris) dans le rôle principal, la réalisatrice retrace le jeu du chat et la souris qui a eu lieu dans le début des années 80 entre le bandit et le commissaire George Moréas (joué par Yvan Attal), tout en mettant l’accent sur l’histoire qu’il entretenait avec son amante (incarnée par Léa Luce Busato), sans oublier ses amitiés dans le monde du banditisme.
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À l’époque, Bruno Sulak jouait de son physique de gendre idéal pour mieux cacher l’arme de poing qu’il tenait à la main lorsqu’il demandait aux caissières de lui remettre la recette du magasin ou aux bijoutiers de ne pas bouger pendant qu’il récupérait leurs marchandises. Né d’un père d’origine polonaise, le célèbre braqueur français est né le 6 novembre 1955 en Algérie, avant que sa famille s’installe de l’autre côté de la Méditerranée à Marseille.
Dans le film comme dans la vie, Bruno Sulak est un ancien légionnaire. Mais la dernière réalisation de Mélanie Laurent n’évoque pas son statut de déserteur de l’armée qui le décide à entamer sa première série de braquage de supermarchés à la fin d’année 1978, selon Le Figaro.
Ses amis, son amour, ses emmerdes
Dans Libre, Bruno Sulak fait justement la tournée des magasins assistés de Drago (Steve Tientcheu) mais surtout d’Annie (Léa Luce Busato). La jeune femme, qui leur sert de chauffeur, est accro à l’adrénaline mais peut-être encore plus à l’esprit de liberté qu’incarne son amant. Elle l’accompagne jusqu’au sein du microcosme du banditisme, avec pour seule amie la femme de Drago, Marika (Léo Chalié).
L’inspiration derrière Annie est celle de Thalie, l’amante du véritable Bruno Sulak, qui a collaboré sur le film selon les notes de production. Elle suit le braqueur jusqu’à sa cavale entamée en juillet 1982, lorsqu’il s’échappe d’un train pendant un transfert entre Montpellier et Lyon. Deux ans avant, il est soupçonné d’avoir fait échapper son ancien compagnon de cellule Jean-Louis Segreto, comme le confiait George Moréas dans son blog sur Le Monde en 2007.
Car dans le début des années 80, cet ancien commissaire de police était le meilleur ennemi du braqueur. Il dirigeait alors l’Office central pour la répression du banditisme, chargée de traquer Bruno Sulak. Et dans le film comme dans la vie, les deux hommes se sont opposés à plusieurs reprises.
Le jeu du chat et la souris
Après son évasion en 1982, Bruno Sulak et son nouveau compère Steve (Rasha Bukvic) s’attaquent désormais aux bijouteries, revendant leurs butins directement aux assurances de celles-ci. Ils n’hésitent pas à entretenir le contact avec Georges Moréas, comme le rappelait encore une fois ce dernier dans Le Monde quelques jours avant la sortie de la fiction Libre. L’ancien flic, consultant sur le film, a collaboré avec Mélanie Laurent et Lucas Bravo pour évoquer ses souvenirs de cette époque, ainsi que ses rencontres avec Bruno Sulak.
S’il le qualifie toujours de « voyou » dans les notes de production, George Moréas avait noué une « forme de respect » pour la méthode sans violence des braquages de Bruno Sulak, qui lui ont valu des comparaisons avec Arsène Lupin. L’assassinat de Radisa « Steve » Jovanović (de son vrai nom Novica Zivkovic) retranscrit dans le film, annonce le début d’une ère où les armes à feu font loi et brisent les « codes » tacites qui existent entre gangsters et policiers selon l’ancien commissaire.
Il a d’ailleurs démissionné de la police l’année où Bruno Sulak décédait après une énième tentative d’évasion de Fleury-Mérogis, avec la complicité avérée de deux gardiens de la prison. Si la famille a toujours contesté la thèse de la chute accidentelle avancée par l’établissement pénitiaire, la réalisatrice a, elle, clairement fait son choix entre les deux hypothèses.
Une adaptation remise en cause par la famille
Dans une lettre ouverte postée sur les réseaux sociaux, aussi adressée par mail à la rédaction du HuffPost, Pauline Sulak conteste l’utilisation du nom « Sulak et des prénoms de Bruno et son entourage », faisant savoir que « ce biopic est non autorisé » par la famille.
La sœur de Bruno Sulak réclame également que « si quelqu’un estime que la vie d’un autre vaut un film, avec humilité il demande l’accord de la famille, l’histoire racontée nécessite le regard de la famille » pour adapter « la vie de quelqu’un en respectant sa vie, sa mort et sa famille et non pas “s’inspirer” et trahir, blesser, mentir sous le prétexte de la “création”. »
Elle annonce également la préparation du documentaire Viol de mémoires qui va « s’attacher à répertorier puis rencontrer les personnes qui se sont élevées, comme nous, contre l’utilisation faite de la vie de leur proche » et souhaite le dépôt d’un projet de loi « allant dans ce sens avec l’accompagnement d’une.un députée.té ».
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