Culture

En ouverture de Cannes, cette comédie musicale avec Juliette Armanet se révèle aussi drôle qu’attachante

CINÉMA – Un pari risqué mais réussi. Pour son premier long-métrage – sélectionné en compétition et pour faire l’ouverture du Festival de Cannes ce mardi 13 mai et sorti en salles le jour-même – Amélie Bonnin présente un film inspiré de son court-métrage Partir un jour. Récompensé d’un César en 2023, il racontait le retour en province d’un écrivain parti vivre à Paris qui, le temps d’un week-end, retrouvait son amour de jeunesse et faisait face à la rancune familiale.

Pour cette version longue, la réalisatrice a de nouveau fait appel à Bastien Bouillon, César du meilleur espoir pour La Nuit du 12 en 2023, et à la chanteuse Juliette Armanet, à qui elle offre son premier « premier rôle » au cinéma. Un duo qui inverse les rôles dans cette comédie aussi musicale que sociale, et aussi drôle qu’attachante.

Cécile (Juliette Armanet), une cheffe gastronomique reconnue, s’apprête à ouvrir son propre restaurant à Paris. Mais à deux semaines de l’ouverture et suite au troisième infarctus de son père, cette ancienne gagnante de Top Chef doit rentrer dans son village d’enfance où ses parents tiennent le relais routier du coin. Loin de son éreintant quotidien parisien, elle retrouve ses souvenirs d’adolescence et son amour de jeunesse Raphaël (Bastien Bouillon).

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On plonge alors dans la tranche de vie d’une quarantenaire, un peu perdue entre deux mondes, celui où elle vit et celui d’où elle vient. Un scénario aux allures de téléfilm de Noël estival, qui aurait vite pu sonner cliché. Au contraire, Amélie Bonnin réussit un habile tour de force en faisant de cette comédie musicale un récit amusant et profondément touchant, grâce aux personnages mis en scène.

Des chansons populaires au service du scénario

Pour ce faire, la réalisatrice mobilise un vaste répertoire musical français, dans un film où la plupart des situations sont amorcées (ou désamorcées) en chansons. Dès les premières minutes, le quotidien aliénant de Cécile est adéquatement illustré par Alors on danse de Stromae. Quelques instants plus tard, c’est sur une scène rythmée par les « On dirait que ça te gêne » de la chanson Le Loir-et-Cher de Michel Delpech – symbolisant le retour un peu honteux de cette cheffe gastro en province – qu’elle retrouve Raphaël.

Il mène une vie opposée à la sienne dans laquelle il a repris le garage familial, continue de traîner avec ses vieux potes du collège et participe aux compétitions de motocross locales le week-end. Avec lui, elle replonge au temps où on chantait Femme Like You pour draguer et écoutait Ces soirées-là en boîte de nuit. Une existence qui n’est pas pour déplaire à Cécile, avant l’arrivée de son petit ami parisien Sofiane (Tewfik Jallab), à qui elle cache sa grossesse.

En parallèle de ses intrigues amoureuses, Cécile doit aussi affronter ses problèmes familiaux. Son père Gérard, joué par le très convaincant François Rolin, est rancunier au point d’avoir écrit dans un petit carnet chaque phrase un peu condescendante sortie de la bouche de sa fille lors de sa participation à Top Chef. Gérant de L’Escale, le relais routier du coin, il continue de se surmener en cuisine voulant Mourir sur scène comme le chantait Dalida, et ce en dépit du ras-le-bol de ses proches. Un rôle de père têtu mais attendrissant, caractère qu’il a visiblement légué à Cécile.

Sa mère Fanfan, sublimement interprétée par Dominique Blanc de la Comédie Française, se retrouve à faire le tampon entre père et fille, alors que son seul souhait serait de partir en camping-car en Italie d’où elle est originaire. Lassée des Paroles, paroles de son mari, elle l’exprime dans un duo avec sa fille qui est certainement la scène la plus touchante du film.

Ça s’en va et ça revient

La force du film réside justement dans ce savant mélange de chansons françaises intergénérationnelles dans les scènes musicales. « Les chansons populaires véhiculent des souvenirs. Quand on les écoute, on est ramené à quelque chose de soi. Un moment, un lieu, une personne. Il suffit d’un titre pour avoir accès à une palette d’émotions » détaille la réalisatrice dans les notes de production.

Certains choix sont personnels, comme Cécile ma fille de Claude Nougaro qui donne son prénom à la protagoniste et dont était fan son père, mais la plupart des titres « relevaient de l’évidence ». Jamais gratuites, les paroles de ces tubes servent la narration dans des scènes très chorégraphiées mais qui paraissent spontanées, renforcées par l’interprétation des comédiens. « Disons que c’est un contrepied à la perfection hollywoodienne de “Singing In The Rain”, s’en amuse la chanteuse Juliette Armanet toujours dans les notes de production, C’est pour cela qu’il y a du souffle, des imperfections, des maladresses. Parce que c’est ce qu’il y a de plus précieux à entendre ».

Pour mettre en scène ce récit d’une « transfuge de classe » de retour chez elle, Partir un jour, mise sur cette simplicité apparente pour ne pas s’embourber dans les poncifs du genre. Et en terminant sur le titre éponyme des 2Be3, Amélie Bonnin raconte précisément que ceux qui croient « partir un jour, sans retour » ne quittent jamais totalement leur passé.

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