Culture

« Freaky Friday 2 » est aussi kitsch que nostalgique et ça fonctionne

SORTIE CINÉMA – On prend les mêmes, et on recommence. Mais à double dose. Le film Freaky Friday : Dans la peau de ma mère, qui a bercé toute une génération à sa sortie en 2003, s’offre un deuxième volet encore plus survolté. Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis sont de retour dans Freaky Friday 2 : Encore dans la peau de ma mère, réalisé par Nisha Ganatra et qui sort ce mercredi 6 août.

Exit l’adolescente rebelle et sa mère veuve en plein remariage, forcées d’échanger leur corps pour s’entendre. 22 ans plus tard, Anna a bien grandi. Elle travaille pour un label de musique et est à son tour mère d’une adolescente, Harper (Julia Butters). La docteur Tess Coleman est, elle, toujours mariée à Ryan et désormais grand-mère dévouée, voire un peu trop présente.

Lorsqu’Anna rencontre Eric, un père veuf fraîchement arrivé du Royaume-Uni avec sa fille Lily (Sophia Hammons), c’est le coup de foudre. Mais Harper et Lily, ennemies jurées au lycée, ne voient pas le mariage de leurs parents d’un bon œil. La suite coule de source : une voyante va les contraindre à se mettre à la place de l’autre, littéralement.

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Les deux adolescentes ne vont pas permuter entre elles, ce serait trop facile. Le deuxième film prévoit deux fois plus de plaisir : Harper va échanger de corps avec sa mère Anna, et Lily avec sa future belle grand-mère Tess. Les quatre héroïnes arriveront-elles à annuler la malédiction et à se réconcilier d’ici le mariage ? Le film ne crée aucun suspense, mais ça ne gâche rien à notre plaisir.

Disney joue la carte de la nostalgie

Freaky Friday 2 a tout pour plaire aux fans du premier, même s’ils ont bien grandi depuis. En plus de l’intrigue similaire, on retrouve tous les éléments de la comédie Disney familiale : bataille de nourriture au lycée, virée en décapotable sous les palmiers, scène de relooking en musique et séquence émotion à la fin… tout y passe. C’est, certes, kitsch et parfois niais, mais ça n’en reste pas moins jubilatoire.

Jamie Lee Curtis est aussi hilarante en mamie gâteau qu’en adolescente snob qui ne supporte pas d’être coincée dans la peau d’une « vieille ». La comédienne oscarisée éclipse de loin Lindsay Lohan, dont le jeu d’actrice Disney fonctionnait lorsqu’elle avait 15 ans mais manque aujourd’hui de relief.

En plus des deux héroïnes, d’autres acteurs du film original font leur retour. Chad Michael Murray arrive au ralenti, secouant ses cheveux sur sa moto, et le fait qu’il ait passé l’âge de jouer le bad boy du lycée rend la scène encore plus comique. Pei-Pei (Rosalind Chao) et sa mère (Lucille Soong), à l’origine de la malédiction du biscuit chinois dans le premier volet, font une apparition. Et le groupe de rock des Pink Slip se reforme même le temps d’un concert. Mention spécial pour le come-back d’Elton Bates (Stephen Tobolowsky), le professeur sadique encore plus aigri depuis le report de son départ à la retraite.

Freaky Friday 2.0

De nouvelles têtes viennent donner un coup de neuf à cette suite. L’acteur philippino-canadien Manny Jacinto est parfait dans le rôle d’Eric. Il joue le fiancé charismatique avec son (faux) accent britannique. Maitreyi Ramakrishnan, l’actrice qu’on avait adoré découvrir dans la série Mes premières fois, joue une pop star en pleine rupture, victime du mauvais marketing de son label. Et ce n’est autre que Vanessa Bayer, ancienne humoriste phare du Saturday Night Live, qui campe Madame Jen, la diseuse de bonne aventure, personnage le plus ridiculement drôle du film.

La bande-son pop et sucrée à souhait est le parfait mélange de nostalgie et de modernité. Britney Spears, les Spice Girls, Lindsay Lohan et le groupe fictif des Pink Slip nous transportent dans les années 2000, quand Chappell Roan, Suki Waterhouse et le dernier single des Jonas Brothers nous ramènent en 2025.

C’est d’ailleurs sur la différence entre les époques que repose l’humour du film. La scénariste Jordan Weiss se moque gentiment des méthodes d’éducation positive en vogue aujourd’hui, de la mode du podcast, des trottinettes électriques ou encore des graines de chia.

Jamie Lee Curtis, la force de l’âge

Julia Butters et Sophia Hammons incarnent la génération Z de façon moins caricaturale qu’attendue. Lindsay Lohan représente bien évidemment les millenials — le cœur de cible du film — et Jamie Lee Curtis les boomers à cheval avec la génération X.

Cette dernière est à la fois la responsable et la victime de nombreuses blagues sur la vieillesse, par l’intermédiaire de l’adolescente coincée dans son corps. Et voir une actrice de 66 ans, les cheveux gris et la peau ridée, faire preuve d’autant d’autodérision fait beaucoup de bien à une époque où les injonctions à la chirurgie esthétique sont omniprésentes.

Derrière la morale mielleuse sur l’importance de s’écouter et de s’aimer les uns les autres, on a surtout vu en Freaky Friday 2 une comédie feel-good sur le temps qui passe. Car les spectateurs ne ressemblent plus, non plus, aux enfants qu’ils étaient en regardant le premier film à la télé sur Disney Channel. C’est peut-être bien pour ça que la magie a opéré.