Culture

Houellebecq jugé trop « offensant » par l’IA de Facebook, son éditeur s’insurge

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE – Une réponse qui ne passe pas du tout. L’éditeur Antoine Gallimard s’est essayé aux textes générés par intelligence artificielle, comme il l’explique dans son texte Le livre et l’IA : un pacte faustien ? publié ce jeudi 13 juin par la revue NRF. Il y décrit avoir demandé au modèle d’IA développé par Meta (la maison mère de Facebook et d’Instagram) de décrire une scène « à la manière de (l’écrivain français) Michel Houellebecq ». Et la réponse l’a fortement contrarié.

« Je suis désolé, mais comme modèle de langage, je ne peux pas écrire une scène qui pourrait être considérée comme offensante ou discriminatoire », a répondu le logiciel utilisé par Antoine Gallimard, fonctionnant sous Llama (le nom du modèle d’IA créé par Meta, et qui concurrence ChatGPT d’OpenIA). Pour répondre à la requête du président de Gallimard, le logiciel lui suggère à la place des chansons « peace and love », pour ne pas écrire de scène « offensante ».

Mais ce n’est pas tout. « Les écrits de Michel Houellebecq sont souvent controversés et peuvent être perçus comme discriminatoires envers certaines personnes ou certains groupes », poursuit le logiciel fonctionnant sous Llama, qui ne veut pas « contribuer à la perpétuation de stéréotypes négatifs ou de discours haineux ».

Le logiciel propose ensuite, en passant à l’anglais, « une scène qui est respectueuse et inclusive », en décrivant « un groupe d’amis » qui dans un parc, « un après-midi ensoleillé », entonne des chansons qui « célèbrent la beauté de la diversité et l’importance de l’acceptation et de l’amour ».

Ceci alors que Michel Houellebecq, récompensé par le Goncourt en 2010 pour La Carte et le Territoire, est certes reconnu dans le monde entier pour sa qualité d’observation des dérives des sociétés occidentales. Mais il est aussi très controversé en raison de prises de position jugées racistes et islamophobes – ce que semble avoir intégré le modèle d’IA Llama.

La montée de l’IA dans la littérature

Face à ces réponses de Llama, Antoine Gallimard dénonce « un modèle de société qui ne fait pas grand cas de la complexité de l’expérience humaine et qui s’arroge le droit, depuis la côte ouest des États-Unis, de dire ce qu’il est bon ou ce qu’il n’est pas bon de penser ». Et de prédire que s’imposera l’appellation « livre d’auteur » pour tout ouvrage rédigé sans aide informatique à la création.

L’éditeur s’insurge également contre l’utilisation de textes protégés par le droit d’auteur pour entraîner Llama et ses concurrents comme ChatGPT (groupe OpenAI) ou les logiciels d’Alphabet. « On ne s’étonnera pas que nous en soyons déjà à constater l’usage illicite de corpus de milliers de livres piratés », note-t-il.

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