Culture

IGPN, violences policières et gilets jaunes, le film « Dossier 137 » secoue Cannes

FESTIVAL DE CANNES – C’est notre premier coup de cœur du 78e Festival de Cannes. Le nouveau long-métrage de Dominik Moll était présenté ce jeudi 15 mai sur la Croisette. Lea Drucker tient le rôle principal de ce film qui aborde le complexe positionnement des policiers de l’IGPN dans une enquête sur des violences policières. Un sujet traité avec finesse mais sans complaisance par le réalisateur.

Après La Nuit du 12, c’est un euphémisme de dire que nos attentes étaient élevées en ce qui concerne Dossier 137. Le nouveau film de Dominik Moll, que nous avons vu lors d’une séance réservée à la presse à Cannes, nous a séduits. Dans Dossier 137, Stéphanie est une enquêtrice de l’IGPN sérieuse et procédurière. Son équipe se voit chargée d’enquêter après la plainte de la famille de Guillaume, un manifestant grièvement blessé par un tir de flash-ball.

Originaire de la même ville que le jeune homme, Stéphanie prend le dossier 137 très à cœur, et finit rapidement par identifier les policiers mis en cause. En plein mouvement des gilets jaunes et alors que les manifestations se multiplient et que la violence s’intensifie, tous les services de police sont sous pression. L’enquête de Stéphanie accroît la tension.

Dossier 137 est un film très réussi à plusieurs niveaux. Le premier est son traitement du travail de l’IGPN et de la posture de ses enquêteurs précisément dans le cadre de violences commises lors de missions de maintien de l’ordre. C’est après une immersion au sein de l’IGPN et de nombreux échanges avec des policiers qui y travaillent que le réalisateur a conçu le fil rouge de son film. Le récit et les interactions que Stéphanie a avec les policiers qu’elle interroge, les témoins ou les proches de la victime mettent en évidence les contraintes liées à son travail. Tout comme elles illustrent une certaine vision globale de la police.

La narration et le casting de Dossier 137

Dossier 137 nous a aussi séduits par sa narration qui nous prend par la main, sans nous laisser nous endormir. L’accent est mis sur les procédures, les rapports et les procès-verbaux pour rythmer l’enquête. Les dialogues et leur construction sont efficaces, surtout dans la phase des auditions. Ils ne sont pas non plus dépourvus d’humour par moments. Une narration servie par le casting et notamment Léa Drucker et Jonathan Thurnbull (le terrifiant violeur en série de la série Sambre) qui joue son collègue Benoît.

L’enquête, enfin, n’a rien d’anodin. Elle s’inspire de plusieurs affaires qui ont, pour certaines, fait la Une de l’actualité. Comme celle de Gabriel, un Sarthois de 18 ans venu en famille manifester à Paris et qui avait eu une main arrachée par une grenade d’encerclement en décembre 2018. Ou celles des 23 manifestants éborgnées durant les manifestations recensées par l’AFP. Une enquête qui avance mais se heurte à des réalités que même les procédures respectées à la lettre par Stéphanie ne peuvent faire vaciller. Des réalités hiérarchiques, syndicales, mais aussi sociales.

Comme La nuit du 12 jugé trop lent par certains amateurs de thrillers, Dossier 137 qui sort en salle le 19 novembre, ne sera probablement pas au goût de tout le monde. Notamment car son positionnement et sa vision de la police pourront être estimés comme « attendus ». Mais il n’en reste pas moins nuancé, sensible et profondément humain. Il faisait partie des films que nous avions le plus hâte de voir lors de cette 78e édition du Festival de Cannes, et nous n’avons pas, du tout, été déçus.

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