Il n’y a pas que pour ses célèbres « écritures » que l’artiste Ben était connu
ART – Des agendas, des stylos, ou encore des trousses… L’artiste Ben, connu essentiellement pour ses œuvres d’art faites de phrases courtes et simples sur fond coloré uni, est mort à l’âge de 88 ans ce mercredi 5 juin, laissant derrière lui une quantité astronomique de produits dérivés, mais pas que.
À Nice, où il s’est installé au tournant des années 1950, on le connaît aussi pour un lieu emblématique : sa propre maison. Établie dans les hauteurs de la commune de la Côte d’Azur, elle est recouverte d’une centaine d’objets hétéroclites, chargés d’humour. Parmi eux, des œuvres, dont les siennes ou celles d’amis.
« Le beau est laid », peut-on par exemple lire sur une toile rouge en métal. Clin d’œil à ses célèbres « écritures » interrogeant le statut de l’artiste et la condition humaine.
Support d’accumulation impressionnante, la façade telle qu’on peut la voir aujourd’hui a commencé à se remplir en 1977. « Bien que j’aie promis de ne pas déborder de plus d’un mètre de la maison, j’envahis petit à petit la pelouse avec des baignoires, des bidets et des cuisinières remplies de terre dans lesquelles je plante des géraniums », expliquait Ben Vautier, de son vrai nom, sur son site.
De quoi énerver au plus haut point sa femme à l’époque, Annie Vautier. « Heureusement ma belle-mère, qui est mon alliée inconditionnelle, arrose mes géraniums et leur dispense engrais et soins attentifs », ajoutait-il.
« Je suis quelqu’un qui n’aime pas jeter », reconnaissait l’artiste en janvier 2019, alors qu’il faisait visiter sa maison à France 3, dans le reportage à voir ci-dessous.
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Œuvre d’art en elle-même, sa maison a été un lieu de rencontres et de débats dans la lignée du « Laboratoire 32 », son magasin de disques d’occasions, d’appareils photos et autres vieilleries qu’il a ouvert à Nice, en 1958. Lieu de publications et de discussions, il a réuni des artistes tels que Robert Filliou ou le compositeur La Monte Young avant d’être renommé « Galerie Ben doute de tout », rappelle le site du Centre Pompidou.
Le musée d’art moderne a fait l’acquisition du magasin après son démontage en 1972. En 1974, l’artiste le remonte en quelque sorte dans l’une des salles d’exposition permanente sous la forme d’une installation en trois dimensions, dont les parois ont été recouvertes d’objets et de mots rappelant à la fois le style naïf de Ben, mais aussi son esthétique du bricolage et « son refus du sérieux ». Baptisée N’importe quoi, elle n’a pas bougé du niveau 4, salle 3, du Centre Pompidou. Sa maison, route de Saint-Pancrace à Nice, non plus.
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