Il n’y a rien de mieux que ce premier roman d’Almodóvar pour attendre son prochain film
LITTÉRATURE – Avant de revenir d’ici quelques mois dans les salles de cinéma avec The Room Next Door, un drame en anglais avec Tilda Swinton et Julianne Moore, Pedro Almodóvar fait d’abord un stop par chez nous, dans les librairies françaises. Ce mercredi 28 août, le cinéaste espagnol publie Le dernier rêve, son tout premier roman aux éditions Flammarion.
Paru dans son pays d’origine au printemps 2023, le recueil de nouvelles écrites entre les années 1960 et aujourd’hui a rencontré un beau succès à l’étranger, suscitant par là même l’engouement de la presse internationale. El Mundo parle d’une « fenêtre ouverte sur l’imagination débordante » de son auteur, là où le Times compare le génie d’Almodóvar à celui d’Andy Warhol, mais avec « plus d’éclat ».
De notre point de vue, ces douze histoires – encore jamais racontées à l’écran par le réalisateur de Parle avec elle – sont inégales, mais offrent une porte d’entrée inédite, divertissante et tendre dans la tête, les souvenirs et l’univers artistique de l’Espagnol, qui fête cette année ses 75 ans.
Pedro Almodóvar se livre
C’est l’occasion pour lui de se livrer, notamment sur la mort, dans certains textes autobiographiques et intimes marquant. Comme celui sur le décès de sa mère, dans lequel s’entremêlent à la fois des considérations terre à terre – funérailles obligent – et des réflexions émouvantes sur ce à quoi la défunte a pu rêver avant de mourir.
« Pour ma part, je suis arrivé à cet état d’isolement presque total à force de ne pas répondre aux autres, de ne pas entretenir de vraies relations d’amitié ou de négliger celles que j’avais », confesse plusieurs dizaines de pages plus loin le cinéaste sur son impression de solitude dans le très personnel Souvenir d’un jour vide.
Ailleurs, Pedro Almodóvar renoue avec la religion, les questions de genre et la famille, des thèmes chers à son cinéma, comme dans La visite, mordant récit d’une jeune femme trans venue se venger des années plus tard du prêtre qui a abusé d’elle enfant.
Si plusieurs de ces nouvelles sont les embryons de certains de ses films (dont Douleur et gloire), d’autres nous emmènent vers un horizon encore jamais visité à l’écran par ce dernier : le fantastique. La cérémonie du miroir est drôle et captivante. Elle raconte l’histoire d’un vampire venu se terrer incognito parmi les pensionnaires d’un monastère.
Pas une autobiographie comme une autre
Vie et mort de Miguel, elle, est déboussolante. Son auteur y fait le récit d’un monde dans lequel on arriverait sur Terre le jour de notre mort. Une vision fataliste de l’existence écrite par Pedro Almodóvar à l’âge de 18 ans. « Cette histoire, je l’ai tapée sur une machine à écrire Olivetti offerte par ma mère, dans le patio de la maison familiale à Madrigalejo, un lapin dépecé suspendu à mes côtés », a-t-il confié à El Pais, à la sortie du livre en Espagne.
« Elle a été inspirée par ce mal-être, associé au fait de vivre dans un lieu où je n’avais pas ma place. Si je n’étais pas parti, j’aurais fini en prison ou par me suicider », continue le Madrilène, originaire de la province de Ciudad Real. Avant d’ajouter : « Que les villages me pardonnent, car je trouve l’actuel retour à la vie rurale formidable, mais grandir dans un village de l’après-guerre, c’était comme vivre au Far West. »
Le dernier rêve n’est pas une autobiographie, chose que le réalisateur a « toujours refusé d’écrire », comme il le confesse dans les premières pages du recueil. Et pourtant, ça y ressemble de près. « C’est donc ma première contradiction », modère le cinéaste, selon qui elle est toutefois morcelée, incomplète et cryptique. Mais pour nous, un bon encas à se mettre sous la dent avant l’arrivée de The Room Next Door sur nos écrans.
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