Culture

« Je n’ai plus peur » : les confessions de Jafar Panahi avant de rentrer en Iran

CINÉMA – « Quand on fait de tels films, on sait qu’il y a un prix à payer. » Après avoir remporté la Palme d’or au dernier Festival de Cannes pour son long-métrage Un simple accident, le cinéaste Jafar Panahi s’est confié dans la presse française sur ce qui l’attend désormais : son retour en Iran.

Contrairement à d’autres artistes iraniens qui ont fui le pays, à l’instar de l’actrice Golshifteh Farahani et du réalisateur Mohammad Rasoulof, lui n’a pas l’intention de le quitter. « Je n’ai pas la capacité de rester ailleurs qu’en Iran, mais il ne s’agit pas de critiquer ou de condamner ce qu’ont fait les autres, la défaillance vient de moi », a-t-il déclaré au micro de France Inter dans un entretien enregistré diffusé ce lundi 26 mai.

Qu’importe, même s’il doit se faire emprisonner pour la troisième fois. « Ça peut être la prison, ça peut être mille autres choses. C’est le prix à payer, et je suis prêt. Mais ce n’est pas grave. Si ça arrive, j’irai me reposer en prison et recevoir de nouvelles histoires. Et ils verront bien quelles perches ils m’auront tendues », ajoute-t-il dans cette même interview.

Ce samedi, Jafar Panahi a décroché la plus convoitée des récompenses de la Croisette, la Palme d’or, pour son film Un simple accident, un brûlot politique inspiré de sa propre vie dans lequel d’anciens détenus sont tentés de se venger de leur tortionnaire. Malgré les règles imposées par la République islamique, plusieurs de ses actrices y apparaissent sans voile.

Jafar Panahi n’est « pas inquiet »

Depuis la remise du prix, des tensions sont apparues entre la France et l’Iran, qui à la suite de propos tenus par le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a condamné « l’utilisation abusive par le gouvernement français » du Festival de Cannes « pour faire avancer son agenda politique contre la République islamique ». Le chargé d’affaires à Téhéran a été dans la foulée convoqué au ministère, selon l’agence de presse iranienne IRNA.

D’après Télérama, Jafar Panahi a, lui, pris l’avion ce dimanche. « Je ne sais pas à quoi m’attendre, expliquait-il à l’hebdomadaire avant de décoller pour l’Iran. Je verrai bien. La veille du palmarès, j’ai discuté avec un homme qui était emprisonné en même temps que moi et il m’a dit qu’on parlait beaucoup de ma présence à Cannes, du sujet de mon film et de mes discours. Les opposants au régime se sentent galvanisés. »

La terreur a changé de camp, d’après lui. « Ils peuvent décider de tomber sur vous n’importe quand pour n’importe quel motif, mais je ne suis pas inquiet. Maintenant que j’ai vécu l’expérience de la prison, je n’ai plus peur », confie le cinéaste de 64 ans, selon qui le Régime s’est « effondré », « économiquement, politiquement, idéologiquement ».

Critique du pouvoir, ce dernier a été incarcéré à deux reprises en Iran : 86 jours en 2010, et près de sept mois entre 2022 et 2023. Notamment connu pour ses films Taxi à Téhéran et Le Ballon blanc, ce grand nom du cinéma iranien se montre résilient. La légende de sa dernière photo sur Instagram, le montrant entouré de son équipe, peut en témoigner. « Les voyageurs rentrent chez eux », écrit-il.

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