Culture

« Je parle mais je ne vous entends pas » : Judith Godrèche secoue la « curieuse famille » du cinéma aux César

CÉSAR 2024 – Sa prise de parole était très attendue. L’actrice Judith Godrèche, qui a lancé une nouvelle vague #MeToo dans le cinéma français après avoir témoigné puis porté plainte pour viol contre les réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot, s’est exprimée à la cérémonie des César ce vendredi 23 février.

Judith Godrèche est arrivée sous les applaudissements du public, qui lui a réservé une standing ovation. Très émue, elle a livré un discours fort, regrettant : « Je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Où êtes-vous, que dites-vous ? »

« J’imagine pourtant l’incroyable mélodie que nous pourrions composer ensemble. Faite de vérité, ça ne ferait pas mal, assure-t-elle, appelant chacun à témoigner des abus dans le cinéma. Je vous promets juste une égratignure sur la carcasse de votre curieuse famille. »

« Ayons le courage »

« C’est tellement rien comparé à un coup de poing dans le nez, à une enfant prise d’assaut comme une ville assiégée par un adulte tout-puissant, sous le regard silencieux d’une équipe à un réalisateur qui, tout en chuchotant, m’entraîne sur son lit sous prétexte de devoir comprendre qui je suis vraiment. C’est tellement rien comparé à 45 prises avec deux mains dégueulasses sur mes seins 15 ans », dénonce-t-elle, en référence à la relation sous emprise qu’elle a vécue avec Benoît Jacquot quand elle était adolescente.

« Ça fait 30 ans que le silence est mon moteur. Je sais que ça fait peur. Perdre des subventions, perdre des rôles, perdre son travail. Moi aussi, moi aussi j’ai peur. J’ai arrêté l’école à quinze ans, je n’ai pas le bac, rien. Ça serait compliqué d’être blacklistée de tout. Ça ne serait pas drôle », souligne l’actrice.

Toutefois, « on ne peut pas être à un tel niveau d’impunité. Mon passé c’est aussi le présent des 2 000 personnes qui m’ont envoyé leur témoignage en quatre jours », poursuit-elle, rappelant qu’elle n’est pas la seule victime, loin de là.

Judith Godrèche lance alors un appel : « À l’aube d’un jour nouveau, nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la pluie et le beau temps dans le cinéma, ça, ça donne le ton. (…) Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas. »

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