Culture

Jennifer Lawrence magistrale dans ce film à Cannes (mais on a failli sortir avant la fin)

FESTIVAL DE CANNES – De tous les films en compétition cette année sur la Croisette, c’est celui qu’on attendait le plus. Pour son casting – Jennifer Lawrence et Robert Pattinson –, son sujet – la dépression post-partum – et sa réalisatrice – Lynne Ramsay à qui on doit A Beautiful Day et We Need to Talk About Kevin. Die My Love était présenté en compétition au 78e Festival de Cannes le samedi 17 mai. On a failli quitter la salle plusieurs fois, comme l’ont fait d’autres journalistes, quand bien même Jennifer Lawrence livre peut-être ici la performance de sa vie.

Dans Die My Love, elle incarne Grace, une jeune femme très rock’n’roll, folle amoureuse de Jackson (Robert Pattinson). Le couple sur le point d’avoir un bébé s’installe dans une maison isolée. On les retrouve aux 6 mois du petit Harry, et Grace n’est plus la même. Alors qu’elle s’ennuie ferme seule toute la journée pendant que Jackson travaille, elle développe de plus en plus de comportements violents.

Son entourage nomme son mal : c’est une dépression post-partum. Mais Grace nie, et s’enfonce. Et elle n’a aucun scrupule à emmener le pauvre Jackson – et les spectateurs – dans le cauchemar qui se déroule dans sa tête.

Jennifer Lawrence n’était pas apparue au cinéma depuis la comédie romantique Le Challenge en 2023 et la naissance de son deuxième enfant. Dans Die My Love, elle est magistrale, offrant une performance que le jury de Cannes ne pourra probablement pas ignorer.

La dépression post-partum version Lynne Ramsay

Grace plonge dans l’automutilation. Son comportement est erratique, elle part des heures durant avec son bébé en pleine forêt sans prévenir personne. Elle est obsédée par le sexe que son compagnon lui refuse, projette sa frustration sur un voisin motard et développe des hallucinations. Elle ne sait plus comment se comporter en société, agresse les gens, se déshabille en public, se déplace à quatre pattes comme un félin.

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La dépression post-partum version Lynne Ramsay n’est pas celle illustrée par exemple dans Nightbitch de Marielle Heller (2024) ou dans Tully de Jason Reitman (2018). Sa maladie, qu’on soupçonne plus large grâce à plusieurs flash-back, s’illustre dans des crises d’une rare violence. Comme dans celle où elle détruit à mains nues la salle de bains à s’en arracher tous les ongles. Ou celle où, agacée par les aboiements constants d’une chienne qu’elle ne voulait pas, elle va se saisir d’un fusil au milieu de la nuit.

Plus les scènes s’enchaînent, plus on en vient à craindre que Grace ne s’en prenne au petit Harry. Un bébé d’ailleurs considéré comme un accessoire par ses parents : sorte de doudou pour sa mère, objet de contraintes pour son père.

Die My Love, un film hypnotisant

Car c’est aussi l’explosion du couple que Lynne Ramsay a voulu illustrer. Jackson, que Grace soupçonne d’infidélité, balance entre l’aveuglement, l’inquiétude pour elle, l’agacement, la colère, l’impuissance et l’épuisement moral. Le seul moment où il sort la tête de l’eau, c’est lorsqu’elle est absente, internée.

Robert Pattinson est parfait dans ce rôle très ambigu, suscitant tantôt de l’empathie, tantôt du mépris de la part du spectateur. Son personnage gère tout ça très mal, mais est-ce qu’on ferait mieux ? Sans doute pas. La preuve, on a eu du mal à rester dans la salle jusqu’au bout. En cause : la réalisatrice ne nous épargne rien, ou presque. Elle n’apporte pas d’explication aux crises psychotiques de Grace, ne nous propose pas non plus de solution. Elle nous laisse nous enliser dans ses sables mouvants.

Ce que peint Die my Love, c’est un tableau. Violent et hypnotisant comme peuvent l’être ceux de Francis Bacon ou de Soutine. Celui d’une femme, une mère, qui sombre irrémédiablement et nous entraîne avec elle au fond.

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