Culture

Judith Godrèche a déposé plainte contre Benoît Jacquot pour « viols sur mineur »

#METOO – Judith Godrèche avait 14 ans, Benoît Jacquot en avait 40. L’actrice française, à l’affiche d’Icon of French Cinema où elle raconte sa relation d’emprise avec le cinéaste, a porté plainte contre lui ce mardi 6 février pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans » commis par personne ayant autorité, annonce-t-elle dans Le Monde.

Une enquête a été ouverte, comme l’a confirmé le parquet dans l’après-midi. L’enquête « porte sur les infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité, l’ensemble des faits dénoncés ayant eu lieu entre 1986 et 1992 », a ajouté le ministère public, précisant que les investigations ont été confiées à la Brigade de protection des mineurs (BPM).

L’histoire que Judith Godrèche a vécue avec Benoît Jacquot, qui lui a offert son premier grand rôle dans Les Mendiants, a duré six ans. Dans son texte préparatoire à son audition devant la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris, consulté par Le Monde, la comédienne raconte un rapport de domination et une sexualité douloureuse avec le réalisateur.

« Très vite, il me dégoûtait »

« C’est une histoire comme les histoires d’enfants qui sont kidnappés et qui grandissent sans voir le monde et qui n’arrivent pas à penser du mal de leur ravisseur. J’aurais voulu que Benoît accepte d’être mon ami, de ne pas m’avoir, je ne voulais pas de son corps », a-t-elle écrit dans son témoignage. Ajoutant : « Très vite, il me dégoûtait. »

Un jour, chez lui, « il me dit d’enlever mon pull, qu’on va faire un jeu sexuel. Je dois me mettre sur l’escalier, dos à lui et fermer les yeux. Il prend sa ceinture, se met à me fouetter. Je le laisse faire un coup, deux coups, mais je ne peux pas », dénonce-t-elle encore. Malgré ses protestations, elle le laisse l’« attacher aux barreaux de la mezzanine avec la ceinture de son peignoir. »

Benoît Jacquot contacté par Le Monde nie, lui, toute forme de brutalité envers l’adolescente et affirme que leur relation était « amoureuse ».

« La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom »

Pendant des années, Judith Godrèche a passé cette partie de son adolescence sous silence, mais dernièrement elle a levé le voile sur cette relation d’« emprise » et de « perversion », comme elle la nomme. Elle a notamment réalisé une série à mi-chemin entre la fiction et l’autobiographie, Icon of French Cinema (diffusée fin décembre 2023), puis a commencé à se dévoiler ouvertement sur les réseaux sociaux.

« La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom », a-t-elle écrit le 8 janvier sur Instagram. « Il s’appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien. Témoigner. Il menace de me traîner en justice pour diffamation », dénonçait encore la comédienne de 51 ans, estimant que le cinéaste est « estimé pour sa perversion ».

Une prise de parole qui avait été motivée par le visionnage d’un documentaire où Benoît Jacquot assume l’aspect transgressif de sa relation passée avec l’adolescente. « Oui c’était une transgression. Ne serait-ce qu’au regard de la loi (…) on n’a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme elle qui avait en effet 15 ans, et moi 40, je n’avais pas le droit », peut-on l’entendre dire dans le documentaire daté de 2011.

Le cinéaste Benoît Jacquot a construit son œuvre autour des actrices, des stars comme Isabelle Huppert ou des débutantes comme Isild Le Besco, sœur de Maïwenn, révélée à 18 ans dans Sade, premier de leurs six films ensemble. « Je ne peux filmer une comédienne que si j’en suis amoureux », assumait en 2009 l’intéressé dans le journal Le Figaro. « Les actrices de mes films sont comme les femmes de ma vie […] la chair de ma vie », ajoutait-il trois ans plus tard dans Télérama.

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